Origine et histoire du Château d'Ardenne
Le château d’Ardenne, situé sur la commune de Moulidars en Charente, domine la plaine viticole et la vallée de la Charente; il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1978. À l’origine, la seigneurie comprenait deux châteaux : la Cour de Moulidars, aujourd’hui détruite, et Ardenne, dont l’existence est attestée dès le XIIe siècle et qui dépendait de l’abbaye de Saint-Cybard d’Angoulême. Le noyau primitif du domaine se réduisait à une tour entourée de fossés ; l’édifice actuel, de plan rectangulaire, résulte d’une construction et d’aménagements s’étendant du XIIe au XVIIIe siècle et témoigne de deux conceptions distinctes de la demeure seigneuriale. La façade nord, encadrée par deux tours, a conservé l’allure médiévale des manoirs fortifiés de la région, tandis que la façade sud présente une composition classique et symétrique offrant une large terrasse ceinte d’une balustrade en pierre. La tour la plus ancienne, vestige du château primitif, date du XIIe siècle et conserve des dispositions intérieures telles qu’un escalier à vis et des coussièges; elle a été restaurée au XVIe siècle après des dégradations et a reçu à cette époque des éléments décoratifs. Au début du XVIe siècle, les seigneurs du Nourrigier intégrèrent et restaurèrent la grosse tour, élevèrent une seconde tour, et relièrent les deux par un corps de logis d’environ vingt mètres de long qui comportait alors un seul étage et quatre grandes salles. Lors des guerres de Religion la région fut troublée et, lors de la bataille de Jarnac en mars 1569, des combats eurent lieu sur la commune de Moulidars; le château conserva longtemps la table où mourut le prince de Condé, et il est possible que des chefs catholiques y aient temporairement séjourné. Au XVIIe siècle fut réalisée la balustrade de la terrasse, probablement sous la seigneurie de Jean-Louis Le Musnier; à la même époque le château prit une allure classique et se développa vers le sud, la terrasse et les deux niveaux inférieurs de la façade sud remontant principalement à ce siècle. D’importants travaux engagés à partir de 1784 transformèrent la façade nord et surélevèrent le corps de logis d’un niveau, tandis qu’une couverture d’inspiration italienne fut mise en place sur les faces est, ouest et sud; l’intérieur fut remanié, notamment par l’aménagement d’une grande cage d’escalier et d’une rampe en fer forgé. Deux pavillons ajoutés derrière les tours portèrent alors la longueur totale de l’édifice à environ 35 mètres. Au XIXe siècle René de Terrasson fit disparaître les poivrières et les parapets crénelés qui couronnaient les tours, et certaines dépendances nord datées du XVIe siècle furent détruites à la fin du siècle. En 1891 le château fut acquis par Georges Hine, dont la famille le posséda pendant près de quatre-vingt-dix ans; elle apporta notamment la grande table de marbre liée à la bataille de Jarnac et reçut au château plusieurs personnalités. Les façades et toitures, la grande terrasse sud avec sa balustrade, le grand escalier et sa rampe en fer forgé ainsi que l’escalier à vis de la tour nord-ouest sont spécifiquement protégés au titre des monuments historiques. Propriété privée, le site a appartenu successivement à de nombreuses familles — depuis Richard de Montbrun en 1117, puis aux Méhée, du Nourrigier et de Terrasson entre autres — avant d’être acquis par le Dr André Chavoix en 1978; depuis juin 2021 il est détenu par Dominique Delport et Elizabeth Kesses-Delport. Les nouveaux propriétaires prévoient d’ouvrir le château à des visites régulières après rénovation, conformément au label monument historique.