Origine et histoire du Château d'Arry
Le château d'Arry, situé à Arry en Moselle, a été édifié entre 1714 et 1743 sur l'emplacement d'une ancienne maison forte ; ses jardins furent aménagés à la même période. Le propriétaire responsable de l'opération fut Louis Charpentier, anobli en 1714, et l'architecte, resté inconnu, dessina un plan ambitieux : un corps central en creux flanqué de deux pavillons carrés et de vastes ailes. Le corps central et les pavillons étaient couverts d'une charpente à brisis, tandis que les ailes présentaient des toitures masquées par des balustrades ; l'importance des ouvrages de maçonnerie dans les terrasses et les escaliers laisse penser à l'intervention d'un architecte autant que d'un jardinier. À la mort de Louis Charpentier, son fils Pierre poursuivit les travaux puis, après son décès en 1753, la propriété passa à son épouse Anne‑Agathe, passionnée de botanique, qui contribua à l'enrichissement des jardins et est mentionnée par le médecin Pierre‑Joseph Buchoz pour la qualité de ses plantes. Vendue en 1818 à Charles Claude Jacquinot, la demeure conserva ses dispositions du XVIIIe siècle dans les parties hautes tandis que les terrasses basses furent mises au goût du jour dans un esprit pittoresque et partiellement naturalisées au cours du XIXe siècle. Des essences remarquables furent introduites dans la partie basse, dont des hêtres à feuilles laciniées, des hêtres pourpres et un thuya géant, et la longue cascade fut retravaillée pour former un petit torrent. Le château, qui comptait plus de soixante-dix pièces, vit naître Albert de Seguin de Reyniès en 1900 ; le monument aux morts d'Arry porte son nom au titre des morts de la Seconde Guerre mondiale. À la fin du XIXe siècle, la propriété appartenait au comte de Gavroy, puis passa par mariage à la famille Pauline d'Elbeuf ; elle fut délaissée à partir de la fin des années 1920 et, dès 1930, louée à la Chambre de commerce de Nancy qui y instaura une colonie de vacances. Entièrement détruit durant la Seconde Guerre mondiale, le château a ensuite été rasé ; seules subsistent aujourd'hui les terrasses successives et le parc.
Les jardins, ordonnés en terrasses suivant trois axes, conservent en leur axe médian un escalier en X aux courbes et contre‑courbes de style Louis XV qui franchit une chute d'eau se déversant dans un canal ; ce dernier se poursuit jusqu'au bas du jardin où un pont‑portique à trois arcades ouvre sur le niveau inférieur. Un ruisseau part de la cascade et alimente un bassin d'époque XVIIIe siècle, donnant au site un panorama sur la Moselle. Les aménagements comportent également des murs de soutènement, deux bassins circulaires, une nymphe sculptée et d'autres éléments de maçonnerie qui témoignent de la composition soignée des terrasses. Les jardins à la française et l'emprise du château détruit ont été inscrits au titre des monuments historiques le 18 septembre 1996 ; plusieurs éléments du parc (mur de terrasse, escalier et sculptures, canaux et pont‑portique, ruisseau et bassin) ont été classés le 13 août 1998. La propriété appartient aujourd'hui à la Fédération Familles de France de Moselle, qui y gère un centre de loisirs.