Origine et histoire du Château d'Ars
La seigneurie d'Ars entra dans la famille de Brémond d'Ars par le mariage de Jeanne d'Ars avec Guillaume de Brémond en 1340 ; la propriété resta dans cette famille jusqu'à la fin du XIXe siècle. Le château, édifié sur une plateforme entourée de fossés et d'un mur bastionné, présente un plan en équerre composé de deux ailes en retour d'équerre, l'une relevant de la fin de la Renaissance et l'autre de la fin du XVIIe siècle, reliées par un pavillon abritant un escalier. L'aile sud-est, la plus ancienne, se caractérise par une porte en arc plein cintre encadrée de pilastres et surmontée d'un fronton à ailerons, ainsi qu'une fenêtre sous fronton cintré ; les baies portent des mascarons à agrafe centrale et l'élévation est enrichie de bandeaux sculptés, de tables et d'une série de lucarnes. L'élévation postérieure est plus sobre ; à l'arrière deux échauguettes d'angle ponctuent la façade. On accède au logis principal par un pont franchissant les douves ; la terrasse reste entourée par ces anciens fossés. L'intérieur, très remanié, conserve néanmoins plusieurs éléments anciens : deux cheminées dans l'aile nord-est, en pierre et en bois, d'autres cheminées en bois sculpté, boiseries et une grande alcôve, ainsi qu'un escalier en vis, un escalier droit en pierre avec rampe en fer forgé et des caves et cuisines voûtées en pierre. La charpente, restaurée au XIXe siècle, est encore conservée, et toutes les toitures sont couvertes d'ardoises percées de hautes lucarnes. Un corps de logis méridional peut dater de la première moitié du XVIIe siècle ; l'aile orientale est attribuée au XVIIIe siècle, et il existait probablement un château au Moyen Âge dont subsiste la motte castrale. D'après Nanglard, on mentionne une chapelle en 1654 ; d'après Origène, le cellier serait peut‑être un magasin à vivres datant du XIe siècle. Le château a accueilli des hôtes célèbres et, au XVIIe siècle, Jean-Louis de Brémond d'Ars défendit une porte de Cognac assiégée par les frondeurs en 1651 ; sa femme Marie‑Guillemette de Verdelin assura la défense du château et fit creuser un canal pour assécher le marais d'Ars. Des restaurations importantes menées entre 1963 et 1973 ont entraîné la destruction des deux pavillons sur cour et la construction d'un nouveau pavillon à l'angle des deux ailes ; la propriété, longtemps abandonnée, fut acquise vers 1960 par Raymond Thomas qui la restaura. En face du château, les bâtiments agricoles comprennent un ancien chai à vin et à cognac ainsi qu'un imposant magasin à vivres possédant deux galeries, dont l'une voûtée en berceau de cinq mètres de large sur 85 mètres de long. Une cheminée en bois sculpté proviendrait d'un hôtel particulier de Cognac.