Origine et histoire du Château d'Audour
Le château d'Audour, situé à Dompierre‑les‑Ormes (Saône‑et‑Loire), est partiellement inscrit aux monuments historiques depuis 1971 pour ses façades et ses toitures. Il prend la forme d'un corps de logis rectangulaire, bâti entre deux ailes ; une tour carrée le domine à l'ouest sur une ancienne pièce d'eau, tandis que des communs se trouvent à l'est. Le parc a été paysagé par le botaniste Philippe de Vilmorin, qui est également à l'origine de l'arboretum de Pézanin tout proche. Alphonse de Lamartine a décrit le château comme un vaste édifice isolé au sommet d'une colline, aux grilles ouvertes vers le nord et aux longues enfilades de salles donnant sur une vallée de pelouses, de bosquets et d'un lac, évoquant pour lui un paysage écossais.
Un premier château est construit au XIIIe siècle par M. de Ris : il comprenait une haute tour carrée de quatre étages et de larges fossés. Par mariage, il passe en 1388 aux Fautrières ; en 1473 leur "place et maison forte appelés Odour" est prise et dévastée par les troupes de Louis XI en raison de leur fidélité à Charles le Téméraire, puis reconstruit peu après par Guillaume de Fautrières. En 1590 Jean de Lestoux de Pradine épouse Jacqueline de Fautrières, et vers 1660 le domaine revient par héritage à Pierre de Damas via sa mère Jeanne Austrein.
Un acte de 1728 désigne la commune sous le nom de Dompierre d'Audour, attestant de sa dépendance judiciaire aux seigneurs d'Audour. En 1749 Mathias‑Claude de Damas hérite du domaine à son mariage avec Marie d'Arcy de la Varenne : il fait creuser le canal d'Audour, long d'environ 4,5 km et large de 7 m, et commande la reconstruction du château en 1775 sur les plans de l'architecte Jean‑Pierre Caristie ; lors des travaux du canal sont découverts de nombreux objets romains. Par le mariage de Thérèse‑Rosaline‑Claudine de Damas avec Charles François Marie Joseph de Dortan, la propriété passe à la famille de Dortan.
À la Révolution française, la construction d'une aile est interrompue et restera inachevée. Au XIXe siècle, le château passe par mariage à Louis Nicolas Philippe Auguste de Forbin, puis au comte de Marcellus ; la Vénus de Milo y fait une escale lors de son arrivée en France au début des années 1820 et le peintre François Marius Granet y séjourne et rédige ses mémoires. En 1886 le domaine est légué à un membre de la famille de Gaufridy de Dortan ; en 1903 Philippe de Vilmorin, époux de Mélanie de Gaufridy de Dortan, crée sur ces terres l'arboretum de Pézanin.
Le château est vendu à la commune de Dompierre‑les‑Ormes en 1967, acquisition motivée par la volonté d'éviter son démantèlement ; il abrite un temps les études d'urbanisme du mouvement RES. Il reviendra ensuite à des propriétaires privés et appartient depuis plus de trente ans à Claire Beygo, qui, avec son mari, en assure l'entretien ; ils ont organisé en 1995 une porte ouverte lors des Journées du patrimoine, succès qui n'a pas été reconduit. Aujourd'hui le château n'est pas ouvert au public. En 2012 des murs du parc situés le long de la route communale se sont effondrés sur le domaine public.
Les armoiries des familles ayant possédé le château — Damas, Dortan, Forbin et le comte de Marcellus — lui sont associées.