Origine et histoire du Château d'Aunoy
Le château d'Aunoy, dit aussi d'Aulnoy, est situé à Champeaux (Seine-et-Marne). La seigneurie d'Aunoy est connue depuis le XIIe siècle. Au XVIIe siècle, le domaine passe entre les mains de plusieurs familles parisiennes, dont les Favre à partir de 1663. En 1729, Claude Favre entreprend des travaux de rénovation sur la demeure médiévale. En 1731, le domaine est acquis par Jean-Baptiste Chabert, changeur et financier parisien. En 1750, un incendie ravage la vieille demeure. Chabert profite de cet incendie pour remodeler complètement le domaine, déplaçant l'habitation vers l'ouest et ne conservant que quelques éléments féodaux, comme le pigeonnier et deux tourelles. La nouvelle demeure adopte la forme de l'hôtel particulier parisien adapté à la campagne, dans la tradition formalisée par Blondel. Pour prévenir un nouvel incendie, la construction utilise des voûtes catalanes ou sarrasines, excluant le bois et nécessitant des murs de plus de deux mètres d'épaisseur. Ce procédé, diffusé par les écrits de d'Espie et Tavenot et largement débattu à l'Académie, fait de l'application à Aunoy un exemple précurseur et particulièrement poussé. Chabert revend le château en 1754 à son fils cadet, puis il passe par alliance à l'avocat parisien Pierre-Jean-Baptiste Gerbier en 1761. Gerbier fait aménager autour du château, dans les années 1760, un parc à l'anglaise, l'un des premiers en France. Le prince de Conti et la duchesse de Chartres vinrent admirer ce jardin, qui inspira plusieurs créations paysagères dans l'entourage du prince. En 1775, Gerbier se retire des affaires et vend Aunoy à la vicomtesse de Broglie. Après la mort du marquis Jean-Guillaume de La Tour du Pin-Montauban en 1837, le château subit les ravages de la Bande noire, qui le dépouillent de son mobilier sans le démolir. La joueuse de tennis Marguerite Broquedis s'y marie en 1917. Du 7 décembre 1961 au 20 mars 1962, Ahmed Ben Bella et ses compagnons de détention sont retenus en résidence surveillée au château d'Aunoy. Le château, sa cour d'honneur, ses douves, ses communs, ses murs, ses grilles et son parc sont inscrits aux monuments historiques en 1986. Le parc, conçu dans les années 1760 et inspiré des principes de Capability Brown, est un jardin irrégulier en partie en pente, organisé autour d'une vaste pelouse terminée par une pièce d'eau avec une île ; il comporte des grottes rustiques et diverses fabriques — un ermitage, un obélisque, une tour vestige de l'ancien château, un belvédère sur une glacière, une cabane dite sauvage — ainsi qu'une serre, une orangerie, un potager et un verger. Ce jardin figure au pré-inventaire des jardins remarquables. Certaines scènes du feuilleton télévisé Joseph Balsamo (1973) et le clip de la chanson Jeanne de Laurent Voulzy (2011) ont été tournés au château. Le château est actuellement la propriété de Jean-Louis Tapiau.
