Origine et histoire du Château d'Autigny
Le château d'Autigny se trouve à l'entrée du village d'Autigny-la-Tour, dans les Vosges (région Lorraine), au fond d'un cirque creusé par le Vair. À l'emplacement actuel s'élevait une maison forte édifiée vers 1600 par Jean-Blaise de Mauléon, qui reçut le fief en dot par son épouse Antoinette du Châtelet. La seigneurie resta dans la maison de Mauléon jusqu'en 1711, quand elle passa par mariage au comte de Kinigh, puis fut vendue en 1742 au comte Antoine de Gondrecourt, auteur du château actuel construit en 1748. Le comte de Gondrecourt transforma et agrandit la demeure dans le goût du XVIIIe siècle, ne conservant du logis primitif que le portail renaissance et les deux tours encadrant la cour d'honneur. Stanislas Leszczynski érigea ensuite Autigny en comté par lettres patentes ; c'est également à cette époque qu'Aimé Marie Gaspard de Clermont-Tonnerre y passa une partie de son enfance. Vendu comme bien national en 1793, le domaine fut acquis par Jean-Claude Cherrier, premier sous-préfet de Neufchâteau, puis passa à la famille Panichot, dont une fille épousa le comte Paul Frogier de Ponlevoy. Durant la Première Guerre mondiale, le grand État‑major de la Royal Air Force y établit son quartier général le 6 juin 1918 ; une visite du prince Albert, duc d'York (futur George VI), est également mentionnée pour octobre 1918 (source insuffisante). Après deux générations de la famille Ponlevoy, le château fut vendu en 1920 à M. Aerts. L'ensemble du château, avec son enclos de murs, est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques et le salon dit de compagnie, avec son décor, a été classé par le même arrêté le 12 décembre 1991.
Le domaine comprend un bâtiment principal en L et des communs en hémicycle, une cour d'honneur pavée à l'ouest et une terrasse à l'est. Les deux ailes perpendiculaires de style Louis XV remplacent l'ancien logis des Mauléon. Propriété privée, le château se visite certains après‑midis du printemps et de l'été ; après la porte d'entrée sculptée de rocailles, on découvre un vestibule desservant un escalier monumental en pierre de taille muni d'une rampe en fer forgé. Le parcours permet de visiter sept pièces du rez‑de‑chaussée : la cuisine, qui abrite une cheminée monumentale modifiée au XIXe siècle par l'ajout de murets en briques ; le garde‑manger orné de panneaux en bois peints en trompe‑l'œil pour imiter plusieurs essences ; la salle à manger du XVIIIe siècle, dotée d'un buffet intégré et d'un imposant poêle en faïence de style Empire provenant de la manufacture de Toul ; le salon de compagnie, classé pour son papier peint panoramique du début du XIXe siècle représentant, dans des camaïeux de gris, des scènes de genre en milieu rural et un paysage portuaire néoclassique inspiré des compositions de Claude Gellée ; l'antichambre aux tentures rouges, décorée de portraits et d'objets d'apparat ; la chambre du comte ornée de tentures jaunes et d'un lit à la polonaise ; enfin la garde‑robe attenante, équipée d'armoires en bois.
Au sud du château, des murs terrassant et un escalier à double révolution dominent un parc de deux hectares ; l'escalier comporte une rampe en fer forgé du XVIIIe siècle et deux pots à feu de style Louis XV et surplombe un nymphée. Face à l'escalier, un massif de topiaires centenaires entoure une statue de la nymphe Erignie tenant une hure de sanglier. Le jardin conserve aussi une ancienne glacière, une fabrique et une pièce d'eau conçue dans l'esprit du Canope de la Villa d'Hadrien à Tivoli, alimentée par un canal de dérivation. Les communs, les façades et les différents éléments du parc complètent l'ensemble patrimonial visible autour du château. La maison de Mauléon, dont Jean‑Blaise (†1613) est la figure fondatrice, est encore évoquée par les noms de Louis de Mauléon, François de Mauléon (†1633), Charles‑François de Mauléon (†1668) et par les patronymes Henriette et Gabrielle de Mauléon.