Origine et histoire du Château d'Eaucourt
Les vestiges du château fort d'Eaucourt-sur-Somme, situés sur la commune d'Eaucourt-sur-Somme dans l'ouest du département de la Somme, correspondent à une fortification médiévale datée de la fin du XIVe siècle et du début du XVe siècle. Selon le pouillé diocésain de 1301, la chapelle Sainte-Marguerite y est déjà mentionnée sous le nom « Aqua curte », ce qui fait supposer une origine plus ancienne au XIIIe siècle. Au cours de son histoire, le château a connu des destructions et des reconstructions liées aux conflits de la fin du Moyen Âge : il fut démoli par les troupes municipales d'Abbeville vers 1358, occupé et disputé entre différentes armées au début du XVe siècle, incendié lors d'une offensive menée par Philippe le Bon, puis reconstruit en 1436 par le chevalier Jean d'Eaucourt. Il fut pillé en 1440 par Pierre Renaud de Vignolles et soumis à des transferts de seigneurie et d'alliances familiales aux XVe et XVIe siècles ; il subit encore des violences en 1589 lors des événements de la Ligue, après quoi il fut démantelé. Les dernières traces d'occupation résidentielle datent de la fin du XVIIIe siècle, lorsque François Vaillant y séjourna jusqu'en 1779. Après un long abandon, l'Association pour la Restauration du Château d'Eaucourt (A.R.Ch.E.), fondée en 1983 par Damien Maupin, a lancé les travaux de mise en valeur et de restauration du site et anime depuis des visites ludiques et pédagogiques. L'association a créé en 1996 un « espace médiéval » et organise des animations, fêtes et reconstitutions, dont un festival annuel des savoir-faire médiévaux en mai ; d'avril à juillet des journées pédagogiques accueillent groupes scolaires et centres de vacances. Le site est accessible en visite libre toute l'année et a connu une fréquentation croissante au début des années 2010, avec plusieurs milliers de visiteurs et des événements tels que les « rendez-vous du fleuve ». Des animations participatives pour la maternelle, le primaire et le collège, ainsi que des stages et chantiers pour adultes, mettent l'accent sur les techniques médiévales : taille de pierre, travail du bois, du cuir, du fer et des métaux précieux, ainsi que l'entretien d'un jardin médiéval. Des sondages archéologiques réalisés en août 2015 ont mis au jour l'existence d'une tour polygonale et des restes du logis seigneurial, situés dans la partie opposée au châtelet d'entrée. Le château, entouré de fossés, présentait une enceinte rectangulaire d'environ 40 sur 50 mètres et d'une élévation estimée à six ou sept mètres. Le châtelet d'entrée, au nord-ouest, jouait le rôle de donjon-refuge : il était pourvu de mâchicoulis, renforcé par deux tours en façade encadrant le pont-levis et complété à l'arrière droit par une tour de guet dotée d'un escalier en vis. Sur le front d'entrée subsistent l'arcade en arc surbaissé du passage, restaurée en 1989, la feuillure du tablier du pont-levis et les rainures verticales destinées au passage des bras, ainsi qu'un vestibule carré — la « salle de garde » — voûté en croisées d'ogives. La porte ouvrant sur la Baye, en plein cintre, était surmontée d'un tableau décoratif où figurait un écu martelé porté par un sauvage et un triton, accompagné de la devise « Sans Ayde » (l'ayde étant un impôt). Le reste des fortifications est largely arasé, quelques murs subsistant à l'arrière du site. R. Belleval, vers 1860, décrit le donjon comme un massif carré indépendant flanqué de trois tours rondes couronnées de mâchicoulis, proche par son architecture de celles du château de Rambures, et rapporte qu'en 1795 le donjon et plusieurs tours étaient encore en élévation avec leurs toitures ; selon lui, la destruction du château avait précédé celle du donjon. Les observations anciennes et récentes concordent sur l'importance archéologique et patrimoniale du site, dont la restauration et l'animation poursuivent la connaissance et la valorisation.