Période
2e quart XVIe siècle, limite XVIIe siècle XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Le domaine en totalité, à savoir la totalité des sols et des constructions (cad. AI 1 à 6, 8 à 18, 49, 139, 140, 194, 195, 203, 204) : classement par arrêté du 18 juillet 2007
Origine et histoire du Château d'Ecouen
Le château d'Écouen, édifice de style Renaissance, a été construit pour le connétable Anne de Montmorency entre 1538 et 1555 ; Jean Bullant en fut le principal architecte et Jean Goujon signa de nombreuses sculptures. Élevé sur une butte dominant la Plaine de France, il remplaça une forteresse médiévale qui commandait les terres et les voies vers Paris. Le plan originel est un quadrilatère flanqué de quatre pavillons d'angle ; des aménagements ultérieurs ont permis d’accueillir des appartements royaux et d’enrichir le décor. Anne de Montmorency fit appel à des artistes et artisans renommés pour orner l’édifice de vitraux, sculptures, lambris, pavements et émaux. Une grotte commandée à Bernard Palissy en 1556 resta inachevée, et le jardin clos qui bordait l’angle nord‑est du quadrilatère a disparu au plus tard depuis la fin du XVIIe siècle, dont subsistent toutefois des traces dans le mur de soutènement de la terrasse. Rapidement lieu de villégiature princier, une aile entière fut réservée aux séjours du roi Henri II. Après des péripéties qui affaiblirent la maison de Montmorency, le domaine passa entre plusieurs mains et entra dans la possession de la famille de Condé. Les princes de Condé firent redessiner le parc par Jules Hardouin‑Mansart ; le tracé actuel conserve des axes perpendiculaires soulignés par des alignements d'arbres, des allées ouvrant sur des belvédères et des ronds‑points, ainsi qu’une terrasse et des parterres devant la façade ouest. Pendant la Révolution le château devint bien national et servit d’hôpital, de prison militaire et de lieu de réunion. En 1805 Napoléon y installa une maison d'éducation de la Légion d'honneur destinée aux filles de personnes décorées ; une aile plus basse fut reconstruite peu après pour remplacer une partie démolie. Restauré aux Condé sous la Restauration, le domaine vit revenir la maison d'éducation sous le Second Empire, qui y demeura jusqu'en 1962. Au XIXe siècle le parc reçut des aménagements tardifs et la Fontaine Hortense, créée par Eugène de Beauharnais, constitue le principal vestige de cette époque. Le château fut inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1862 et l'ensemble du domaine a été classé en 2007. Après la guerre de 1870‑1871, un fort polygonal fut édifié dans la forêt d'Écouen pour la défense de la capitale ; des vestiges en subsistent et le fort a également été classé. En 1962 la maison d'éducation quitta les lieux et le ministère des Affaires culturelles choisit le château pour accueillir le musée national de la Renaissance, apte à présenter de grandes tapisseries et des collections nationales. Après des travaux de restauration, le musée ouvrit ses portes en 1977. Les interventions des années 1970 ont porté aussi sur le parc, avec la volonté de restituer l’esprit des aménagements anciens. Le château conserve d’importants décors d’origine — frises, menuiseries, pavements, vitraux, lambris et douze cheminées peintes — tandis que le mobilier ancien, dispersé à la Révolution, se trouve en partie dans d’autres musées. Le site conjugue aujourd’hui valeur architecturale et vocation muséale, offrant l’exemple d’une réalisation majeure de la Renaissance française et l’accueil d’une riche collection dédiée à cette période.