Origine et histoire du Château d'Effiat
Le château d'Effiat se situe dans la commune d'Effiat, dans le Puy-de-Dôme, en Auvergne-Rhône-Alpes. La seigneurie est mentionnée dès 1120 et passe entre plusieurs familles jusqu'au XVIe siècle ; elle est acquise en 1557 par Gilbert Coiffier (ou Coëffier), chevalier à la bataille de Cérisolles. Le rôle de son fils durant les guerres de Religion, notamment pour le ralliement de l'Auvergne à Henri III, favorise l'ascension familiale et son introduction à la cour. Antoine Coëffier de Ruzé d'Effiat, proche de Richelieu, fut conseiller du roi en 1625, ambassadeur en Hollande et en Angleterre, élevé au marquisat en 1627 puis nommé maréchal de France en 1631. Il entreprit un vaste projet d'embellissement dépassant le simple château, liant urbanisme, architecture, agriculture, communications et encadrement militaire et religieux, et envisagea la création d'une ville nouvelle au tracé géométrique. Il fit appel à des architectes comme Jacques Lemercier et Clément Métezeau ainsi qu'au jardinier du roi André Mollet ; les travaux du château eurent lieu de 1626 à 1628, puis l'église, le collège de l'Oratoire et l'hôpital de 1630 à 1632. À sa mort, le projet urbain fut abandonné, tandis que les aménagements du château furent poursuivis. Sous l'Ancien Régime, une école royale militaire, tenue par les oratoriens, fonctionnait dans l'enceinte ; elle fut fondée en 1714 par le dernier marquis Antoine II Coëffier de Ruzé d'Effiat et compta parmi ses élèves le général Louis Charles Antoine Desaix. En 1856 le domaine fut acquis par la famille de Moroges ; le château a été classé monument historique en 1942, inscrit en 1980 et de nouveau classé en 2004. Architectoniquement, le bâtiment principal forme un grand corps de logis rectangulaire terminé par deux pavillons saillants sur les faces principale et postérieure ; deux ailes qui prolongeaient originellement ces pavillons ont disparu. L'ensemble occupe le centre d'une enceinte rectangulaire limitée par un canal constituant des douves ; l'entrée de la cour d'honneur est marquée par une porte monumentale en pierre précédée d'un pont-levis, dont le décor sculpté est l'œuvre de Jean Languille, de Riom. À l'opposé, la façade postérieure s'ouvre sur un parterre et une terrasse de laquelle descend une grotte ou nymphée flanquée d'escaliers ; le mur est garni de niches. La façade présente une ordonnance classique avec un ordre colossal de pilastres doriques englobant rez-de-chaussée et premier étage, surmonté d'un attique décoré de petits pilastres ; les fenêtres conservaient à l'origine des meneaux en pierre dont subsistent des traces. Les pavillons et la façade postérieure suivent la même ordonnance mais sont restés inachevés, à l'exception de la façade postérieure du pavillon de gauche. Les communs et la ferme datent du XVIIe siècle. Le décor et le mobilier comprennent notamment un cycle de douze tableaux inspirés de l'Orlando furioso, initialement dans la galerie du château et aujourd'hui conservés au musée d'Art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand, dont une restauration est envisagée. Six fauteuils de la chambre et un lit à baldaquin datés vers 1640-1660 se trouvent au musée du Louvre, et un mobilier de salon du milieu du XVIIIe siècle, vendu lors de la dispersion mobilière de 1856, rejoignit le Garde-Meubles impérial (Mobilier national). Le jardin, dessiné par André Mollet, comprend notamment une terrasse de 130 mètres agrémentée d'une grotte nymphée flanquée d'escaliers et de niches, ainsi qu'une avenue et une allée ; il figure au pré-inventaire des jardins remarquables.