Origine et histoire du Château d'Epoisses
Le château d'Époisses, situé dans le village éponyme en Côte-d'Or, est une ancienne forteresse médiévale remaniée par ses propriétaires successifs et partiellement démolie pendant la Révolution française; il abrite encore aujourd'hui l'église paroissiale du village. Selon la tradition, il serait antérieur au VIe siècle et la reine Brunehaut y aurait souvent séjourné avec son petit-fils Thierry, jeune roi de Bourgogne. Transformé en maison seigneuriale au XIIe siècle, il passa aux familles de Montbard puis, de 1237 à 1421, aux Mello par le mariage d'Hélvise de Montbard avec Dreu de Mello. Philippe le Hardi y séjourna en 1377. À la mort de Claude de Bourgogne-Montaigu, Louis XI donna Époisses en apanage au maréchal de Bade-Hochberg; une part secondaire de la seigneurie revint aux d'Aumont, également descendants des Mello. Les propriétaires suivants apportèrent des modifications au château. Par la suite, Jacques de Savoie, duc de Nemours, en fut propriétaire avant de vendre le domaine en 1561, endetté, au maréchal Imbert de La Platière, qui transforma profondément la place forte et fit construire le porche de la tour qui porte aujourd'hui son nom. À sa mort sans enfant en 1567, le château revint à sa nièce Françoise de la Platière, épouse de Louis d'Ancienville. Entre 1591 et 1595, la Ligue s'empara du château, le pilla et fit édifier des fortifications supplémentaires que Louis d'Ancienville dut rembourser pour récupérer sa demeure. En janvier 1613, son château fut érigé en marquisat avec l'union de plusieurs terres alentours. Au XVIIe siècle, la petite-fille des Ancienville, Madeleine de La Grange d'Arquien, apporta Époisses à Guillaume de Guitaut par mariage; elle mourut en 1667 sans enfant mais transmit ses biens par fidéicommis via le prince de Condé, qui les restitua ensuite à Guillaume. Le prince de Condé fit bâtir, selon la tradition, un balcon sur la tour nord, aujourd'hui dite tour Condé. Guillaume de Guitaut, remarié à Antoinette-Élisabeth de Verthamon, transforma le château en résidence confortable et y reçut des contemporains illustres, parmi lesquels la marquise de Sévigné. La fin du XVIIe siècle marque l'apogée d'Époisses sous les Guitaut. Lors de la Révolution, les parties fortifiées furent jugées dangereuses et la partie sud du château fut détruite; toutes les tours furent ramenées à la hauteur des toits. Après la Révolution, la famille de Pechpeyrou-Comminges de Guitaut entreprit des travaux de restauration, borda la terrasse d'une balustrade, fit reconstruire les écuries et décorer plusieurs plafonds de salons. Le château est resté dans cette famille depuis lors; il est accessible au public pour la visite de l'extérieur toute l'année et pour l'intérieur en juillet-août. Le parc est inscrit et certaines parties du domaine ont été classées au titre des monuments historiques, notamment les douves, les ponts, les deux enceintes, le sol et les bâtiments compris entre elles, les dépendances, l'église et le château. À l'origine, le château se trouvait à l'écart du village et était protégé par une double enceinte; le village s'est ensuite développé entre ces deux lignes de fortification autour d'une abbatiale construite au XIIe siècle. Quatre tours protégeaient l'enceinte; le donjon, dit tour Brunehaut, date du XIIIe siècle et servait d'entrée au château, tandis que la tour Bourdillon repose sur les bases d'une tour du Xe siècle. La tour Bourdillon fut restaurée en 1560 par Imbert de La Platière. À l'époque moderne, le château comprenait un bâtiment principal flanqué de deux petites ailes et de grosses tours à base carrée, entouré d'un parc clos comportant des douves, des échauguettes et une double enceinte. Dans le parc se trouvent l'église devenue paroissiale, qui conserve une représentation murale du Dit des trois morts et des trois vifs, et un colombier du XVIIe siècle doté d'une échelle tournante et d'environ trois mille boulins. Le parc accueille également l'école privée Sainte-Louise. Les diverses vues et plans du site montrent la double enceinte fortifiée, les communs, la cour d'honneur, le colombier, les échauguettes et les parties arasées lors de la Révolution.