Origine et histoire du Château d'Ereck
Le château d'Ereck, aussi nommé château d'Erech ou château des Roches, est situé sur la commune de Questembert (Morbihan), à l'extrémité orientale d'un plateau. Il se trouve à environ 550 m à l'est du hameau de Lesnoyal, 560 m au nord-ouest de l'hippodrome du Resto et 1,4 km au nord du bourg de Bel-Air. Selon la tradition, un premier château aurait été édifié sur ces terres à la fin du Ve siècle par Erech, fils du roi d'Armorique Audren, ou au VIe siècle par Guérech, comte de Vannes. L'édifice conservé relève principalement du XVIe siècle ; il se présentait sous la forme d'un long corps rectangulaire coiffé d'un toit à la Mansart surmonté de deux lucarnes Renaissance ornées de cariatides et de frontons. L'intérieur était remarquable par un ensemble de trois cheminées monumentales sculptées. Au rez-de-chaussée se trouvait une cheminée en granit à mouluration et encoignures rectilignes, avec un écusson central orné d'un heaume et de supports animaux héraldiques. À l'étage noble, une autre cheminée présentait des piedroits ou consoles à chapiteau ionique, une forte architrave et une composition de style Renaissance, avec des armoiries entourées d'entrelacs et de rinceaux limités aux extrémités par des gaines et des cariatides. La chambre sud abritait une cheminée analogue, avec consoles sur griffes, cariatides en pied et un cartouche central représentant des chimères assises dos à dos. Le corps de logis, jugé trop vétuste, a été démoli par son propriétaire à la fin des années 1960 et ses pierres ont servi à la construction de la mairie de Ruffiac ; les trois cheminées ont été acquises par l'État pour 300 000 F et transportées au château de Kerjean, où une seule fut finalement remontée. L'opération de conservation fut réalisée par l'entreprise René Léger pour un montant de 22 450 F, selon un marché approuvé le 19 mai 1959. La cour d'honneur, qui précédait le logis, conservait un puits octogonal du XVIe siècle ; ce puits fut néanmoins démonté à la fin des années 1950. Les communs, la cour d'honneur (puits compris), les parterres et jardins ainsi que les douves ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 14 octobre 1946. En comptant les deux métairies de la propriété, la surface totale atteint environ 62 hectares. Des fouilles ont mis au jour des monnaies romaines près d'une butte située sur le chemin reliant le château à la route, suggérant la présence probable d'une station romaine. Aujourd'hui, les deux corps de bâtiments encore debout forment les anciens communs et servent à l'exploitation agricole. La façade principale en granite, longue de 34 mètres, présentait huit ouvertures au rez-de-chaussée dont deux portes vitrées éclairant des pièces comme la salle à manger, dotée d'une cheminée de style maniériste attribuée à l'école de Fontainebleau, ainsi que plusieurs chambres, une cuisine et des dépendances. L'étage noble reproduisait l'alignement des ouvertures et abritait notamment une arrière-cuisine avec une cheminée monumentale, un cabinet noir et un escalier monumental desservant les niveaux supérieurs ; les lucarnes éclairaient le comble en ardoises qui couvrait sept pièces. L'organisation des baies n'était pas strictement symétrique : trois ouvertures se trouvaient à gauche du blason sculpté et cinq à droite, tandis que quatre souches de cheminée traduisaient extérieurement le cloisonnement intérieur. Côté est, une façade donnant sur le jardin d'agrément était flanquée d'une tour carrée tronquée avec perron et escalier, la tour contenant une pièce dite « chambre de la tour » ; la chapelle privée avait disparu. Les dépendances comprenaient des écuries et remises adossées aux pignons nord et sud, ainsi que des arcades en plein cintre au sud destinées à des remises ou au fournil. Les terres d'Erech ont appartenu successivement aux familles Rest, Rays, Châteauderec, Kermeno, Le Mordant, La Porte, Sanguin et Pontcarré de Viarme, puis à divers propriétaires aux XIXe et XXe siècles, parmi lesquels Mme veuve Eugène Victor Joseph Le Long, la famille Audicq, Hippolyte Nicolazo de Barmon — qui entreprit d'importants travaux de restauration entre 1881 et 1887 —, Louis Lucien Defond, Guy Blanchard de La Bahuraye, Karl Joly et enfin M. Robin, dernier propriétaire connu avant la démolition du corps de logis.