Origine et histoire du Château d'Escorailles
Le château d'Escorailles correspond à une ancienne enceinte fortifiée située sur la commune d'Escorailles, dans le Cantal, connue sous le nom de La Trizague. Selon la tradition, le castrum Scoralium serait évoqué dès la « charte de Clovis », attribuant son origine à une période ancienne, mais cette charte est en réalité un faux des XIe ou XIIe siècle utilisé par les moines de Mauriac pour défendre leurs droits. Dans ce faux document avait été inséré un polyptyque de l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif-lès-Sens, daté du IXe siècle, qui cite plusieurs lieux des environs de Mauriac. Une légende donne au nom Scorailles une origine liée à un certain Scaurius Aurelius, lieutenant d'Honorius, hypothèse reprise par quelques historiens amateurs du XIXe siècle qui ont aussi cru voir un tumulus supposé être sa tombe dans une prairie proche du château de La Vigne. Les rapprochements avec des personnages historiques tels que Marcus Aurelius Scaurus ou Caius Aurelius Scaurus relèvent d'une exploitation d'analogies de noms plutôt que d'attestations locales solides.
L'enceinte de La Trizague est toutefois documentée à l'époque médiévale : le texte rapporte que Pépin le Bref, lors de sa campagne contre Waïfre, duc d'Aquitaine, aurait assiégé et pris le castrum Scoralium à l'automne 767. Une mention du même corpus évoque également la prise de plusieurs sites, dont castrum Scoraliam, dans un récit de campagne. Les ruines de cette enceinte se dressent au nord‑est et en contrebas du village d'Escorailles, sur un éperon rocheux fortement entaillé par un méandre de l'Auze, à l'emplacement appelé aujourd'hui La Trizague, où l'on distingue encore diverses formes de retranchements. L'enceinte, datée du haut Moyen Âge, a été classée monument historique par arrêté du 8 septembre 1978.
Le château proprement dit, distinct de l'enceinte de La Trizague, est lié à la famille de Scorraille, attestée dès le XIIe siècle. Le site de l'enceinte initiale fut abandonné et le château féodal s'établit plus en hauteur, contribuant à l'implantation du village actuel d'Escorailles vers le XIe siècle. Après plusieurs siècles d'indivision et un état de délabrement, la forteresse fut délaissée au milieu du XVIe siècle au profit du château de La Vigne, construit par la famille de Scorailles sur un ancien corps de ferme à Ally.
Les vestiges actuels laissent voir d'imposants pans de murailles qui dessinaient autrefois un parallélogramme rectangle, probablement cantonné de tours à chaque angle ; une grosse tour est encore en bon état et une autre est entièrement couverte de lierre. Parmi les références évoquées figurent le Dictionnaire statistique de Jean-Baptiste de Ribier du Châtelet et Les sociétés de l'An Mil de Pierre Bonnassie, qui font partie des travaux cités pour l'histoire locale.