Château d'Escorpain dans l'Eure-et-Loir

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château d'Escorpain

  • Route de Laon
  • 28270 Escorpain
Château dEscorpain
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Château dEscorpain
Château dEscorpain
Crédit photo : Gustave William Lemaire (1848–1928) Descriptionpho - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIe siècle, 2e moitié XIXe siècle

Patrimoine classé

Les façades et toitures du château ; les dépendances (pavillons de gardiens, grange, pigeonnier, chenils, écuries, ancienne buanderie, ainsi que la bibliothèque en totalité, à l'exclusion des garages situés sur les parcelles 216 et 217) ; l'inscription du sol des parcelles 207, 210 et 217, y compris les jardins et les grilles (cad. A 207, 210, 217) : inscription par arrêté du 3 octobre 2002

Origine et histoire du Château d'Escorpain

Le château d'Escorpain est situé dans la commune d'Escorpain (Eure‑et‑Loir), à la limite du Thymerais, à 15 km à l'ouest de Dreux et à 7 km au sud de Nonancourt. Construit au XVIe siècle pour remplacer un ancien logis seigneurial, il a été profondément remanié au XIXe siècle. Le domaine comprend deux cours distinctes : la cour d'entrée, entourée d'une grange, d'une bibliothèque aménagée par la famille Firmin‑Didot, d'un colombier et de deux pavillons de gardien, et une seconde cour consacrée aux écuries, au garage et à la buanderie. Côté jardins, le domaine comportait un potager, un verger et une serre‑promenoir, et il bénéficiait d'un accès privilégié à l'église paroissiale dont le décor résulte des nombreux dons des Firmin‑Didot.

Aux XVIe et XVIIe siècles, la seigneurie est tenue par la famille de Vieuxpont après Jacques de Beaumestre ; Jehan, gouverneur de Dreux, puis Pierre, capitaine de chevau‑légers, participent à la construction du nouveau château avec le concours de Guillaume, chevalier de Malte, dont les croix figurant sur les murs témoignent de l'appartenance. La terre est érigée en châtellenie avant la mort de Pierre, puis le domaine passe à Jean III, à Bernard‑François, à Charlotte et enfin à Louise, qui en 1662 dénonce des abus commis par des domestiques chargés du château. Le bâtiment est mis sous séquestre en septembre 1658 lorsqu'un seigneur allié prend part à une révolte nobiliaire, puis il est restitué et mis en vente vers 1699.

Au XVIIIe siècle la seigneurie connaît plusieurs propriétaires : le sieur de Beaurain, puis Jacques Hersant des Touches, dont la veuve cède les terres à Gabriel‑Louis Boët de Saint‑Léger. Celui‑ci, surendetté après d'autres acquisitions, doit revendre la propriété, qui passe à Louis Roger puis, en 1775, à René Poultier, notaire et homme public. René Poultier, qui a acheté sa charge et noué des alliances familiales importantes, se retire dans ses terres en 1779 ; pendant la Révolution il rallie les institutions nouvelles, promet une contribution patriotique, est élu colonel‑commandant de la milice locale et voit le château accueillir des cérémonies civiques. En septembre 1798 il vend le château à Amboise‑Théodore Béjot, apparenté à sa famille, pour un montant inférieur à celui payé en 1775 ; Poultier continue toutefois d'y résider et y meurt en 1799, tandis que sa femme gère les baux au nom de l'acheteur, selon un arrangement familial apparent.

Le 19 avril 1804, Joseph‑Christophe Coüin achète la terre d'Escorpain et, sous le nom de Coüin de Granchamp, entreprend d'importants travaux et acquisitions : la ferme est reconstruite, deux pavillons d'entrée sont édifiés après le saut‑de‑loup, un canal est creusé pour drainer des terrains marécageux et des bois et fermes sont ajoutés au domaine. Son fils fait installer la grille d'entrée en fer forgé et les chaînes le long du saut‑de‑loup, et la famille contribue encore à la vie communale par des donations d'équipements publics. Par alliance, la propriété entre ensuite dans la famille Firmin‑Didot : Alfred Firmin‑Didot devient propriétaire unique et engage une grande campagne de restauration et de transformation qui donne au château un parti néo‑gothique.

Les travaux confiés à l'architecte Marchant, élève de Viollet‑le‑Duc, rehaussent les toits et ajoutent des crêtes en fonte, des encadrements de pierre aux fenêtres, des lucarnes sculptées et des frises décoratives ; la façade est ornée d'un motif médiéval et les bâtiments latéraux sont traités en pavillons recouverts du même damier de briques et de silex que la partie centrale. L'intérieur est remodelé : l'escalier est replacé, la cuisine agrandie et une chapelle créée dans l'un des pavillons ; Alfred Firmin‑Didot aménage une bibliothèque dans une ancienne bergerie, construit un chenil et transforme un bâtiment de la cour d'honneur en bibliothèque et salle des gardes, déplaçant la remise et l'orangerie dans une cour arrière.

Au XXe siècle la propriété décline : après le décès de Jacques Firmin‑Didot en 1966 et la faillite de l'imprimerie familiale, le château reste abandonné pendant environ quarante ans et subit des dégradations, dont l'installation de la mérule. En 2008 la SCI Lemuria, contrôlée par Charles Firmin‑Didot, acquiert le château pour le sauvegarder ; en cinq ans la plupart des bâtiments sont mis hors d'eau et la vocation est orientée vers l'accueil d'expositions, d'ateliers et de concerts, le jardin étant laissé dans un caractère naturel.

Les documents cartographiques et cadastraux illustrent ces évolutions : la carte de Cassini et le plan du grand séminaire de 1761 montrent la pièce dite Grand Champ et une représentation sommaire du château, le cadastre de 1837 fait apparaître les pavillons d'entrée, les communs et le canal creusé par Coüin, et une carte plus récente met en évidence des avenues plantées par René Poultier. La seigneurie comprenait, outre le château et ses dépendances (colombier, granges, écuries, bergeries, vacheries, laiterie, pressoirs, remises et charreterie), un jardin‑potager, des vergers, des vignes, des pâtures, des bois et des terres labourables, et le domaine s'est notablement agrandi au fil des acquisitions des XVIIIe et XIXe siècles. Les éléments protégés aujourd'hui comprennent les façades et toitures du château ainsi que plusieurs dépendances : pavillons, grange, pigeonnier, chenil, écuries, ancienne buanderie et bibliothèque.

Liens externes