Origine et histoire du Château d'Etampes
Le château royal d'Étampes, construit au Moyen Âge, ne subsiste aujourd'hui que par son donjon, appelé tour de Guinette. Les attributions de sa construction au XIIe siècle varient selon les sources : certains auteurs l'imputent à Louis VI, d'autres à Louis VII. Une voûte d'ogives y a été ajoutée à la fin du XIIe siècle et la chapelle Saint-Laurent est attestée en 1185. Le site occupe le rebord du plateau de Guinette, au nord-ouest d'Étampes, à environ 100 m d'altitude, et domine les vallées de la Louette, de la Chalouette et de la Juine ; il contrôlait la route Paris-Orléans. L'étude géologique de Hureau de Senarmont décrit une succession de couches comprenant sable, moellon, glaise bleue, calcaire argileux, grès et marne.
Au fil des siècles, le château fut l'objet de multiples aménagements, sièges et changements de main : il fut pris par les Anglais en 1358 puis repris, aurait été donné en 1387 à Philippe le Hardi (information signalée comme douteuse), assiégé en 1411 par Jean sans Peur et annexé au duché de Bourgogne, et il accueillit notamment Charles le Téméraire en 1465 ainsi que des séjours princiers au début du XVIe siècle. En 1513 et 1553 des devis signalent la restauration du corps de logis, de la galerie et des communs, détruits après le siège de 1589 ; la même année Henri IV autorisa le démantèlement du château, et seul le donjon subsista. Le donjon subit un siège en 1652, fut transformé en colombier au XVIIIe siècle, vendu comme bien national pendant la Révolution, puis dépouillé et utilisé comme carrière avant d'être abandonné. Après diverses cessions, la ville acquit les ruines en 1859 pour en faire un lieu de promenade ; la tour de Guinette figure sur la liste des monuments historiques depuis 1862. Des restaurations ont eu lieu au XXe siècle, et la mairie a lancé un appel aux dons récemment pour lutter contre la pollution et les pigeons.
Le donjon, de plan quadrilobé en forme de trèfle, présente un diamètre extérieur de 72 m ; chaque lobe a un diamètre de 7 m et la hauteur atteint 36 m, avec un puits creusé au centre. Il s'élevait au centre d'une plateforme entourée d'une première enceinte carrée de 54 m de côté, flanquée de tours d'angle et accessible au sud-est par une porte avec pont-levis reliant le donjon. Une seconde enceinte de 90 m de côté protégeait une basse-cour où s'adossaient, au nord-est, la chapelle Saint-Laurent (36 m sur 18 m) et, au sud-ouest, un corps de logis ; la basse-cour comprenait aussi des logis, une galerie donnant sur la ville et des paneteries. L'ensemble défensif se prolongeait par une enceinte approximativement hexagonale, renforcée au sud par une batterie rectangulaire défendue par trois tours, percée de deux portes munies de ponts-levis et complétée par un fossé ; la forte déclivité du terrain accentuait l'aspect en terrasses successives des trois enceintes.
L'accès au donjon se faisait par une poterne au sud ouvrant sur un vestibule qui dominait un trou de défense de 4 m de profondeur destiné à piéger les assaillants ; cet espace était desservi par un escalier courant dans l'épaisseur de la muraille. En sous-sol, une salle de 10 m de diamètre comportait un puits et des latrines, ses murs épais de 5 m percés de trois meurtrières ; le premier étage accueillait une salle de garde de 10 m de diamètre, également dotée de latrines et d'un accès au puits. L'étage suivant s'atteignait par un escalier à vis et s'ouvrait sur une galerie éclairée avant une salle d'apparat de 12 m de diamètre, pourvue d'alcôves, de cheminées, d'un évier et de latrines, et couverte par une voûte d'arêtes haute de 10 m soutenue par quatre colonnes et des arcs-doubleaux. Au sommet, un comble accessible par un dernier escalier à vis offrait quatre tribunes en bois sous la toiture, percée de cheminées et ponctuée de deux élévations circulaires au-dessus des lobes nord et sud.
La tour a aussi été le lieu de détention forcée de personnages célèbres, parmi lesquels Hildegarde et Gillette La Mercière, cette dernière étant, selon la tradition rapportée, une fillette de huit ans contrainte au mariage avec l'enlumineur Pol de Limbourg quelques années plus tard. La tour a par ailleurs servi de cadre ponctuel à des manifestations culturelles, notamment un concert dirigé par Ennio Morricone en 1976, et apparaît dans le film Hannibal Lecter : Les Origines du mal.