Origine et histoire du Château d'Etelan
Le château d'Ételan, demeure de la fin du XVe siècle de style gothique flamboyant, se situe à Saint-Maurice-d'Ételan, en Seine-Maritime, en Normandie. Construit à partir de 1494 pour Louis Picard sur l'emplacement d'un ancien château fort, il a fait l'objet d'importantes restaurations au XIXe siècle et après des dommages au XXe siècle. La chapelle Sainte-Madeleine, édifiée entre 1495 et 1515, a été entièrement restaurée, notamment pour ses lambris et ses peintures murales. Les terrasses du domaine dominent la Seine. Le premier château, appartenant à Pierre Picart d'Ételan et détruit pendant la guerre de Cent Ans, avait précédemment occupé le site. En 1494, Louis Picart d'Ételan reçut 700 livres du duc d'Orléans pour reconstruire sa maison ; le logis et la chapelle datent de cette campagne. Le portail et la ferme datent du XVIIe siècle, plusieurs bâtiments agricoles ont été ajoutés au XVIIIe siècle, et en 1772 Joseph Belhomme surmonta la cage d'escalier d'un étage, visible sur d'anciennes gravures. Au XIXe siècle, madame de Bois-Hébert restaura le logis, supprima la construction de 1772 et restitua la couverture et les lucarnes ; l'architecte Simon, avant 1893, mena une importante campagne de restauration et construisit un ouvrage d'entrée pour madame Auguste Desgenetais. La partie centrale du logis, détruite par un incendie en 1944, fut restaurée en 1968. Propriété privée, le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1941 et l'ancien domaine constitue un site naturel classé. Il est implanté sur la rive droite de la Seine, entre les ponts de Brotonne et de Tancarville, au sein du parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande. Une plaque de marbre présente la liste des propriétaires depuis 1383 ; Guillaume Picard fit construire une maison campagnarde entre 1468 et 1475. Le château passa successivement aux maréchaux de Brissac, à la famille d'Épinay de Saint-Luc, à Charles Hénault puis à son fils Jean-François Hénault, avant d'être transmis aux familles Belhomme de Glatigny, au marquis de Martainville, aux Deschamps de Boishébert, à Auguste Desgenétais, puis aux Castelbajac et Charbonnière. Restauré au XIXe siècle, il fut incendié en novembre 1940 par une compagnie à cheval des troupes allemandes et réquisitionné en 1943 pour accueillir des enfants du Havre ; des campagnes de restauration se sont poursuivies entre 1961 et 1975 sous la propriété de Georges Petit, puis à partir de 1978 sous celle de Jacques Boudier. Après plus de trente années de travaux, le château et sa chapelle retrouvèrent leur splendeur en 1994, à l'occasion du 500e anniversaire de la construction. Trois tilleuls multi-centenaires du parc ont été classés « arbres remarquables » en 2010. De nombreux personnages historiques y séjournèrent ou y passèrent, parmi lesquels Catherine de Médicis et le roi Charles IX en 1563, Louis XI, François Ier, Voltaire et le compositeur André Caplet. De la construction médiévale subsistent une cave, un mur d'enceinte et la maison des gardes datée de 1350. Le château, contemporain d'édifices rouennais comme le Palais de Justice et l'hôtel de Bourgtheroulde, est composé de deux corps de logis en pierre et brique alternées reliés par une galerie d'escalier en pierre de la première Renaissance et il est entouré d’un parc de vingt hectares. La chapelle, intégrée au bâtiment principal et dédiée à sainte Madeleine, est considérée comme le joyau de l'ensemble ; l'abbé Cochet la comparait à celles des châteaux de Blois ou d'Amboise. Elle réunit vitraux, fresques et statues polychromes de la première Renaissance normande et abrite un bénitier du XVIe siècle, une piscine du XVIIe siècle et des boiseries de style troubadour. Classée monument historique, la chapelle fit l'objet d'une restauration conduite par l'État, le Département, les Amis du château et les propriétaires, achevée en 1994. Les armoiries liées au lieu incluent celles des Picard d'Estelan et de Radeval, ainsi que des variantes signalées du blason Picard d'Estelan et du Picard de Radeval. La toponymie du lieu remonte à Esteilant (1050-1066) et associe l'élément germanique et norrois land au vieil anglais stēġili, témoignant de l'ancienneté et de la diversité des influences toponymiques en Normandie. Parmi les parties remarquables du château figurent l'antichambre de la reine, le grand salon et les façades est et ouest.