Période
XVIe siècle, XVIIe siècle, 2e quart XIXe siècle, 2e moitié XIXe siècle
Patrimoine classé
A l'Est : façades et toitures de l'aile des logements ; grandes écuries, remises et sellerie ; façades et toitures du bâtiment dit ancienne maison Gilliot ou pavillon des Ministres avec son passage et de ses écuries et remise ; aile sur la Bresle dite aile des Ministres ; façades et toitures du fourneau économique, du logement de l'instituteur et de l'école ; fontaine accolée au flanc Sud de la collégiale Saint-Laurent (cad. AB 156, 157, 160, 163, 1073, 1074) ; au Nord : pavillon des Fontaines (cad. AE 87) ; au Sud : table des Guise ; glacière (cad. AE 21, 22) ; pont enjambant la route du Tréport (cad. NON CADASTRE) : inscription par arrêté du 6 juin 1983 ; Façades et toitures des trois bâtiments de la ferme modèle ; façades et toitures des grandes écuries Ouest du pavillon de Joinville (cad. E 435, 436, 433) : inscription par arrêté du 6 juin 1983 ; Château, y compris les parties souterraines ; cour d'honneur avec sol, clôture, statues, saut-de-loup et balustrade ; jardin à la française avec murs de soutènement (cad. AE 18, 20) ; dépendances au Nord du château : roue motrice ; éolienne ; façades et toitures de l'usine à gaz et de l'émissaire des sources (cad. AE 98, 99) ; dépendances dans le parc : façades et toitures du pavillon Montpensier et de la maison des portiers ; façades et toitures de la maison du jardinier ainsi que le portail d'entrée et les murs de clôture ; façades et toitures du pavillon de Joinville, des grandes et petites écuries, du four à pain et du poulailler (cad. AE 39 à 41 ; E 111, 120, 146, 247) : classement par arrêté du 30 octobre 1985
Origine et histoire du Château d'Eu
Le château d'Eu, situé au nord-ouest de la commune d'Eu en Seine-Maritime, est bâti sur l'emplacement d'un castrum médiéval mentionné dès 925 par Flodoard. À l'origine forteresse frontière du duché de Normandie face à la Flandre, il a connu sièges et événements marquants : Rollon y aurait installé une importante garnison, le duc de Normandie y aurait célébré une union au XIe siècle, il fut saisi au XIIe siècle par le roi de France et Jeanne d'Arc y séjourna prisonnière en 1430. Louis XI ordonna la destruction de la place en 1475, un modeste manoir fut élevé sur les ruines en 1480, puis un vaste château fut entrepris entre 1581 et 1583 après le mariage d'Henri de Guise et de Catherine de Clèves. La forme actuelle date principalement de la fin du XVIe siècle ; l'édifice fut agrandi au XVIIe siècle pour la Grande Mademoiselle et remanié pour Louis-Philippe par l'architecte Pierre Fontaine. À partir des années 1870, Eugène Viollet-le-Duc et ses élèves dirigèrent de nouveaux travaux pour le comte de Paris. Un incendie de novembre 1902 détruisit la plus grande partie du corps de logis central et l'aile sud, n'en laissant que les murs, tandis que l'aile nord fut épargnée. Le domaine passa par les mains des ducs du Maine et de la descendance du duc de Penthièvre, fut séquestré à la Révolution, affecté à la sénatorerie de Rouen sous le Premier Empire, puis restitué à la duchesse d'Orléans en 1814. Louis-Philippe fit du château l'une de ses résidences favorites, y fit entreprendre des restaurations et y reçut la reine Victoria en 1843 et 1845. Après l'exil de la maison d'Orléans en 1848, le comte de Paris retrouva le domaine en 1871 mais dut l'abandonner à la suite de la loi d'exil de 1886. En 1905 Philippe d'Orléans vendit le château à Gaston d'Orléans ; la famille d'Orléans-Bragance y mena une campagne de restauration et conserva la propriété jusqu'au milieu du XXe siècle. La forêt d'Eu, alors propriété familiale, fut largement acquise par l'État en 1913 ; Pierre d'Alcantara d'Orléans-Bragance poursuivit les travaux avant sa mort en 1940. Occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, le château fut vendu par les héritiers et acheté par la ville d'Eu en 1964. La municipalité y installa la mairie dans la partie sud en 1973 et créa dans la partie nord le musée Louis-Philippe, qui conserve de nombreux souvenirs de la maison d'Orléans et présente notamment la Galerie des Guise, dont le décor a été reconstitué au début du XXIe siècle et inauguré en 2014. Une partie de l'ancien domaine demeure privée et a été transmise aux héritiers d'Isabelle d'Orléans-Bragance. Le château, construit en brique et pierre, se compose d'un corps de logis central flanqué de pavillons aux extrémités ; son architecture évoque le XVIIe siècle et le style Louis XIII, avec combles d'ardoise. Devant la grille de la cour se dresse un monument à Ferdinand-Philippe réalisé par Carlo Marochetti, dont une réplique se trouve à Neuilly-sur-Seine. Au nord, l'édifice, la cour et le jardin dominent la rue des Fontaines depuis un talus bordé d'un mur de brique. Le château est partiellement protégé au titre des monuments historiques : de nombreux éléments du bâti, des dépendances, la cour d'honneur et le jardin à la française ont été inscrits ou classés par arrêtés dans les années 1980. L'ancien domaine royal et le parc sont également protégés en tant que site naturel, pour une surface de 116,70 hectares. Le musée et le château ont par ailleurs accueilli des tournages pour l'émission Secrets d'Histoire consacrés à la Grande Mademoiselle, à Louis-Philippe et à l'empereur Pedro II.