Origine et histoire du Château d'Heudicourt
Le château d'Heudicourt, demeure datant du XVIe siècle, se situe sur la commune d'Heudicourt, près de l'église Saint-Sulpice, dans le département de l'Eure en Normandie, et est classé au titre des monuments historiques. Selon la tradition, un rendez-vous de chasse existait à cet emplacement dès l'époque de Dagobert. Le domaine avait été acquis en 1574 par la famille Sublet, originaire de Blois ; Claude Sublet fit édifier, dans la première moitié du XVIIe siècle, des pavillons latéraux sur la façade nord, et son fils Michel poursuivit les travaux en doublant les pavillons au sud et en insérant le corps de logis entre eux. Le château fut achevé par Michel Sublet vers 1660 ; il mourut en 1665. La propriété resta dans la même famille : Michel Sublet, titré marquis d'Heudicourt, puis Pons Auguste, puis Alexandrine de Belzunce, qui fut dame de compagnie de Madame Adélaïde et céda le domaine en 1798 à quatre notables parisiens après que la Révolution eut fait du château une prison. En 1804, les acquéreurs vendirent la propriété à Martin-Roch-Xavier Estève, trésorier du Gouvernement, qui releva les douves et le pont d'entrée et fit abaisser les ailes latérales en ruine ; il fit bâtir un avant-corps de style néoclassique et le château conserva depuis lors un aspect transformé par ces interventions. Estève fut fait comte de l'Empire en 1809 ; après une querelle avec l'Empereur en 1811, il se retira dans ses terres d'Heudicourt. La famille Estève demeure actuellement propriétaire du domaine. À l'origine, l'ensemble comprenait quatre corps de bâtiments disposés autour de la cour d'honneur, cantonnés de pavillons carrés et isolés par de profondes douves sèches ; aujourd'hui ne subsiste que le corps de logis principal, rebâti au XVIIIe siècle, avec l'avant-corps néoclassique réalisé par le comte Estève. Le château est construit en briques et pierre, avec des toitures d'ardoise. L'édifice, la cour d'honneur, les douves et les jardins sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 17 octobre 1966. Le parc de quatorze hectares, d'inspiration classique, a été conçu à la fin du XVIIe siècle avec bosquets, allées en étoile, théâtre de verdure et perspectives protégées par des sauts-de-loup ; au XIXe siècle y fut ajouté un jardin de plantes médicinales destiné à la pharmacie du château. La tempête de 1999 détruisit les alignements anciens et de grands cèdres ; ces plantations ont été reconstituées par la mise en place de plusieurs centaines d'arbres et d'essences diverses.