Période
1er quart XVIe siècle
Patrimoine classé
L'assiette de l'ancien château, y compris les douves et la motte ; l'ensemble des bâtiments castraux, à savoir : les vestiges du château du XIIe siècle, les façades et toitures des corps de logis du XVIe siècle et du XVIIIe siècle, les tours ouest et nord, en totalité, à l'exclusion des communs modernes ; les façades et toitures du commun est surplombant la douve, avec ses latrines (cad. H 5, 6, lieudit Le Château d'Olonde, 7 à 10, lieudit Les Buttes) : inscription par arrêté du 29 novembre 2000
Origine et histoire du Château d'Olonde
Le château d'Olonde, situé sur la commune de Canville-la-Rocque dans la Manche, réunit des éléments d'époques multiples qui se juxtaposent : vestiges d'un château médiéval, constructions de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, remaniements aux XVIIe et XVIIIe siècles ainsi que l'assiette d'un ancien jardin et un bois. Il se trouve à 1,1 km à l'ouest de l'église Saint-Malo, sur la route entre Portbail et Saint-Sauveur-le-Vicomte, à proximité de l'axe Barneville-Carteret–La Haye-du-Puits. L'édifice a pour origine la seigneurie des Magneville : Roger de Magneville est le premier seigneur connu à la fin du XIe siècle et lui succèdent son fils Étienne, puis Roger II et Guillaume de Magneville à la fin du XIIe siècle. Le château, détruit au début du XIIIe siècle lors de la conquête de la Normandie par Philippe Auguste, fut ensuite démembré et la seigneurie donnée en 1205 à Richard d'Argences; Guillaume d'Argences est mentionné par la suite comme détenteur et, en 1243, qualifié de seigneur d'Olonde. Divers fiefs liés à Olonde sont cités dans les registres de l'époque, certains détachés et rattachés à d'autres honneurs et seigneuries. Aux XIVe et XVe siècles la possession passa à la famille Paynel puis, par alliances, aux Mareuil de Villebois et aux Bouchard d'Aubeterre; à partir de 1520 la branche aînée des Harcourt conserva la seigneurie jusqu'à la Révolution et possède encore aujourd'hui les restes du château. Parmi les membres de cette maison, Pierre II d'Harcourt est baron d'Olonde en 1614 lors de son mariage avec Marie de Briroy, Charles d'Harcourt, marquis d'Olonde, représentait la noblesse aux États généraux de Coutances en 1789, et Amédée d'Harcourt émigra et servit dans l'armée anglaise. Le château fut le siège d'une châtellenie dont dépendait au Moyen Âge notamment le fief noble de Sotteville. La naissance ou l'enfance de Marie de France au château d'Olonde n'a jamais été prouvée. Le site présente un tracé circulaire de douves qui semble délimiter le terre-plain du château médiéval; à proximité immédiate du manoir actuel se dressent encore une petite motte ovale et une seconde élévation incurvée, vestiges probablement d'une motte unique. Sur l'emplacement se trouve un corps de logis abandonné de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, accompagné de deux tours carrées à échauguettes, et à l'ouest les ruines d'une muraille du XIIe siècle présentant un appareil en opus spicatum. Un autre corps de logis a été reconstruit au XIXe siècle ; on note aussi un pavillon contenant un escalier et un autre pavillon aménagé au XVIIe siècle mais aujourd'hui découvert, ainsi que plusieurs dépendances. L'habitation actuelle date du XVIIIe siècle. La cour du château est accessible à la visite et l'ensemble architectural est partiellement protégé : l'assiette de l'ancien château, y compris les douves et la motte, ainsi que les vestiges du XIIe siècle, les façades et toitures des corps de logis des XVIe et XVIIIe siècles, les tours ouest et nord (à l'exclusion des communs modernes) et les façades et toitures du commun est surplombant la douve avec ses latrines sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 29 novembre 2000. Le château a inspiré des écrivains : Jules Barbey d'Aurevilly en a fait en partie le cadre de son court roman Une histoire sans nom et, selon l'essayiste Jacques Petit, connaissait les lieux; Michel Houellebecq s'en est servi dans Sérotonine comme symbole d'un monde ancien face à la modernité.