Origine et histoire du Château d'Orcher
Château d'Orcher
Le château d'Orcher domine l'estuaire de la Seine depuis une falaise abrupte, à Gonfreville-l'Orcher, en Seine-Maritime (Normandie), à près de cent mètres au‑dessus de l'eau. Le fief d'Auricher est attesté en 1140 ; une autre mention le fait remonter à un don de Rollon en 912 au profit d'un certain Auricher, qui y fit bâtir une fortification avec une chapelle dédiée à Sainte‑Honorine. Le domaine aurait été érigé par le duc de Normandie, peut‑être en même temps que le fief de Tancarville. Le château primitif comportait un donjon carré entouré d'une enceinte trapézoïdale défendue, au XIIIe siècle, par trois tours carrées. En 1360 le donjon fut partiellement détruit par les officiers d'Harfleur ; après reconstruction, l'ensemble fut pris par les Anglais en 1415. Henri V déposséda alors la famille Crespin au profit de John Fastolf, puis le domaine fut rendu au duc de Bedford en 1434 ; il revint aux Crespin en 1449, passa par héritage à la famille de Brézé en 1488, à la famille d'O en 1539, puis à d'autres seigneurs. En 1604 la terre d'Orcher est décrite saisie aux mains de Georges Laillet et qualifiée de « plein fief de haubert avec château, forteresse et maison couverte d'ardoise ». La famille Potier était propriétaire de 1632 à 1719, année de la vente au financier John Law ; le domaine fut ensuite adjugé en 1723 à Philippe de Vitry puis vendu en 1735 à Thomas de Planterose. Planterose fit transformer le château pendant dix ans par les maçons François de la Motte et Jacques Lesueur, avec Courtel comme maître plâtrier, et le menuisier havrais Le Roux réalisa les boiseries. À cette époque les deux tours nord et le grand donjon nord‑ouest en ruines furent démolis avec les courtines. Après la Révolution, lors de la division du domaine en 1795, le château est décrit comme « maison d'habitation château et accessoire, et une ferme de 145 acres ». Au XIXe siècle la maison de Rochechouart entreprit une restauration en 1857 confiée à l'architecte Pierre Philippon. Par mariages et successions, la propriété passa aux familles Duhamel de Melmont, de Nagu, de Rochechouart et, par alliance, à la maison d'Harcourt, qui la possède encore selon les informations figurant dans la notice. Le château actuel résulte d'une construction des XIe‑XIIe siècles, d'une restauration au XVe siècle et de transformations au XVIIIe siècle. Sur le plan des protections, le grand salon du rez‑de‑chaussée est classé monument historique par arrêté du 12 février 1976 ; les façades et toitures du château, des communs et du colombier, l'escalier avec sa rampe et plusieurs pièces avec leur décor (petit salon et salle à manger au rez‑de‑chaussée, chambres n° 1 dite « de la Tour », n° 2 et n° 7 au premier étage de la tour est) sont inscrits par le même arrêté.