Origine et histoire du Château d'urtubie
Les seigneurs d'Urtubie sont attestés dès le début du XIIe siècle et le toponyme apparaît en 1149 dans le Livre d'Or de Bayonne. Par lettre du 4 mai 1341, Martin de Tartas obtint d'Édouard III l'autorisation d'élever un château de pierre avec murailles et fossés pour protéger la frontière ; Martin mourut en 1343 et son frère Auger acheva l'ouvrage. De ce premier manoir subsistent des vestiges : la porterie, le donjon et des portions des murailles nord et est surmontées du chemin de ronde. Au XVe siècle, après des conflits successoraux, le château fut rasé et brûlé par Marie de Sault avant qu'elle ne se réfugie en Navarre. Par lettres de Louis XII, la forteresse fut autorisée à être réédifiée en 1505 et elle fut agrandie dans les années qui suivirent. Les tours et la plupart des élévations furent sans doute relevées à partir de cette restauration ; du donjon occidental restent des murs en pierre de taille et des meurtrières à mousquet. En 1654 la terre fut érigée en vicomté pour Salvat d'Alzate, lequel, selon la tradition familiale, hébergea des négociateurs et des personnages de la cour lors de l'élaboration du Traité des Pyrénées ; en reconnaissance il reçut une tenture bruxelloise en laine et soie illustrant des épisodes de David, conservée aujourd'hui et protégée au titre des Monuments historiques. Au XVIIIe siècle, et notamment en 1745, le château fit l'objet d'importants remaniements : les fossés furent comblés, un corps de bâtiment fut ajouté, des tourelles et de nouvelles baies percées ou agrandies, et une avancée sud-est fut réalisée. L'entrée se fait entre deux tours désormais réunies par une construction, le corps principal étant cependant distinct de ces tours. Le logis comprend un rez-de-chaussée et deux étages desservis par un escalier de pierre logé dans une tour adossée à la façade sud ; à l'opposé de l'entrée se trouvent la chapelle et, ajoutée plus tard, une bibliothèque, également séparées du corps principal. L'intérieur conserve une série de tapisseries d'origine flamande ou bruxelloise représentant des épisodes de David ; la tradition familiale les rattache au mariage de Louis XIV et à l'hospitalité offerte à des personnalités telles que des ministres ou des négociateurs. Pendant la Révolution, le château servit de résidence et de poste de commandement à des généraux républicains. Par alliances et successions, la seigneurie passa entre plusieurs familles issues de Martin de Tartas ; elle est par alliance dans la famille de Coral depuis 1893. Le château est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1974.