Origine et histoire du Château Dauphin
Le Domaine du Château-Dauphin à Pontgibaud est une ancienne forteresse médiévale organisée autour d'un double donjon reposant directement sur la roche. Situé rue du Frère Genestier, il occupe le rebord occidental de la cheire de Pontgibaud, coulée de lave issue du puy de Côme, dans le Puy-de-Dôme. L'entrée du domaine fait face à une ancienne porte de ville de l'enceinte communale, datée du XVe siècle et classée au titre des monuments historiques. Le parc boisé du domaine couvre environ 45 hectares, complétés par quelques hectares de terres cultivées et de prairies ; au XVIIIe siècle sa superficie était de 3 000 hectares. Le bâtiment principal forme un rectangle de 22 sur 25 mètres ; il associe un donjon carré et un donjon rond juxtaposés mais indépendants. Le donjon carré comporte deux corps d'habitation répartis sur trois étages autour d'une cour initialement à ciel ouvert, aujourd'hui couverte au XIXe siècle par une verrière. La porte d'entrée s'ouvre sur cette cour ; elle était autrefois équipée d'un assommoir. Le donjon rond, partie la plus massive, présente une pièce profonde dite cul de basse-fosse et des murs d'environ 3,95 mètres d'épaisseur ; il a pu servir de prison. Les étages inférieurs servaient au stockage de munitions et de vivres ; l'accès aux niveaux supérieurs se fait depuis la cour par deux escaliers à vis, dont l'un porte les armes des La Fayette. L'enceinte originelle comprenait sept tours ; six sont encore debout et la septième, la tour des Clapiers, fait l'objet d'une restauration. Un rempart reliait ces tours et fermait la basse-cour, mais certaines parties présentent des fissures, des infiltrations et un risque d'effondrement qui menace la bergerie et la grange du XIXe siècle. Un éboulement a récemment affecté le parement du donjon rond, et l'étanchéité du chemin de ronde et de la partie sommitale en plomb doit être reprise. Le château abrite par ailleurs le musée des mines d'argent du canton de Pontgibaud. Le château et ses dépendances ont fait l'objet de plusieurs protections au titre des monuments historiques, avec des classements, inscriptions et reclassements successifs aboutissant à un reclassement le 20 octobre 1995 ; ce classement porte notamment sur le château, six tours d'enceinte, les communs, le sol, le puits, la fontaine et le jardin potager. À l'intérieur, la grande salle transformée en salon présente des peintures refaites au XIXe siècle par Maioli et un peintre local, des boiseries en chêne du menuisier Martin et des ferronneries de Larchevêque. La salle à manger est décorée de boiseries en chêne, la bibliothèque conserve ses voûtes et un plafond peint selon le modèle du salon, et la chambre d'honneur présente des boiseries et tissus provenant de Riom. La chapelle a également été décorée par Maioli ; au cours des travaux du XIXe siècle l'installation d'une turbine hydraulique sur la Sioule a permis de doter le château et la commune de l'électricité, puis, ultérieurement, de l'eau courante et de l'eau chaude. Le jardin potager, cité dès la fin du XVIe siècle et réaménagé au XVIIIe siècle, est classé ; sa surface est de 96 ares et il comporte terrasses et carreaux sur trois niveaux, soutenus par des murs de lave en trachyandésite. Le jardin d'agrément, en belvédère au-dessus du potager, et les jets d'eau du XVIIIe siècle, alimentés par une source à Chaucelles, ont été conçus pour l'arrosage et s'ordonnent pour être vus depuis le château. Les murs sombres en lave servent d'accumulateurs thermiques et le dessin en perspective du jardin est décalé par rapport à l'axe du château ; le jardin est inscrit à l'Inventaire général et labellisé Jardin remarquable ; il fait actuellement l'objet d'une restauration soutenue par l'État, le conseil régional, le conseil général et les propriétaires. Le musée des mines, installé dans les communs par l'association La route des mines Dômes et Combrailles, retrace l'histoire de l'exploitation de la galène le long de la Sioule et présente les techniques d'extraction et de fonte. Entre 1853 et 1897, 68 kilomètres de galeries et 2 900 mètres de puits furent creusés et les fonderies ont produit 50 000 tonnes de plomb et 100 tonnes d'argent ; la zone minière s'étend sur environ 10 km le long de la vallée et les veines de galène sont enchâssées dans des roches gneissiques et des migmatites. Les mines auraient été exploitées dès l'époque romaine et des documents à partir du VIIIe siècle attestent d'une exploitation plus ancienne ; la propriété minière fut agrandie en 1554 et, au XIXe siècle, des concessions proches du château furent ouvertes, employant plusieurs centaines d'ouvriers sous et en surface. Le domaine comprend parmi ses communs le bâtiment du musée, une remise à voitures, la ferme et un pigeonnier en pierre de lave du XIXe siècle classé, situé près de la tour de la ferme. Le château, le jardin et le musée sont ouverts aux visites guidées et accueillent régulièrement animations et manifestations telles que marchés artisanaux, journées du livre, spectacles son et lumière et expositions d'art.