Origine et histoire du Château de Badefols-d'Ans
Perché en éperon et dominant la grande plaine depuis le flanc d’un coteau, le château de Badefols-d’Ans occupe le village du même nom, dans le Périgord noir. Le site est occupé depuis l’époque gallo-romaine et le château a été édifié sur l’emplacement d’une ancienne villa. Mentionné dès la fin du XIIIe siècle (un acte de 1292 cite le « repaire de Badefou »), ses principaux bâtiments datent des XIVe et XVe siècles. Au XVe siècle, le château a été remanié : on y a percé des fenêtres à meneaux et aménagé un chemin de ronde. Une aile latérale et une terrasse ont été ajoutées au XVIIe siècle, puis un bâtiment coiffé d’un toit à la Mansart a été élevé au XVIIIe siècle par la famille de Royère de Pons. L’ensemble comprend des dépendances et communs ; un parc a été aménagé au XIXe siècle.
La terre de Badefols-d’Ans dépendait de la vicomté de Limoges depuis sa fondation en 876 et formait partie de la châtellenie d’Ans. Le château a été construit par la famille de Badefol ; en 1368 le prince de Galles le donna à Bertran II de Born, qui mourut vers 1383–1384. Par alliances et successions, la seigneurie passa ensuite entre plusieurs lignages, parmi lesquels les Hautefort, les Châtillon puis les Albret : Jeanne d’Albret offrit la seigneurie à son mari Antoine de Bourbon lors de leur mariage en 1548. Gauthier de Badefols acquit la haute justice d’Henri II, puis Guy de Badefols obtint en 1600 l’ensemble des droits de justice sur les seigneuries locales.
Au XVIIe siècle la famille de Badefols transmit ses biens selon un testament de 1627, entraînant des successions complexes et de longues procédures judiciaires qui ne s’achevèrent qu’en 1726 ; François de Royère, héritier de la maison, fut tué lors d’un duel en 1641. En 1726 Dominique de Royère céda les terres à Jean de Bertin, qui les revendit en 1753 à François de Bonneguise ; la seigneurie fut portée en marquisat au milieu du XVIIIe siècle. Le domaine changea encore de mains pendant la période révolutionnaire et, à la fin du XIXe siècle, appartint à la famille Lestrade de Conty.
Le 1er avril 1944, des militaires allemands interpellèrent les propriétaires, Jehan et Louis de Lestrade de Conty, membres d’un réseau de résistance ; le château fut pillé et incendié, les deux hommes déportés à Buchenwald où Jehan de Lestrade mourut. Après la Libération, le château fut restauré au titre des dommages de guerre, mais l’incendie de 1944 fit disparaître l’essentiel des aménagements intérieurs anciens. L’édifice et son ensemble ont été inscrits au titre des monuments historiques le 11 septembre 2007.