Origine et histoire du Château de Bailleul-sur-Thérain
Le château de Bailleul-sur-Thérain, situé dans le village éponyme de l'Oise, est l'un des plus célèbres du Beauvaisis. Construite en briques et en pierres, la demeure, de pur style Mansart, présente de volumineux mascarons, des balcons chiffrés en fer forgé et des bornes coniques reliées par des chaînes. Deux tours féodales subsistent de l'ancien château : l'une du XIVe siècle, l'autre rebâtie sur le modèle des tours du château de Langeais. La façade méridionale, tournée vers les pelouses du parc, s'ouvre sur le vallon où passe le Thérain, que César évoque comme « portant bateau » dans ses Commentaires. La seigneurie remonte aux premiers temps de la féodalité, comme le note Récoffort : des actes du IXe siècle en témoignent. Elle possédait plusieurs fiefs et fut suffisamment importante pour être mentionnée lors des transactions ayant conduit le comté de Clermont à être réuni à la couronne en 1258. Malgré ces fluctuations, la seigneurie ne passa, par alliance ou héritage, qu'à cinq familles distinctes au cours des siècles. Le premier acte conservé, daté de 1134, montre Pierre de Bailleul autorisant les religieux d'Ourscamps à s'établir et à fonder une abbaye avec son aide et ses deniers ; ses vestiges sont encore visibles. Un fort dit « Fort de Barbanson » est connu dès le IXe siècle. La « Maison forte » de Bailleul, érigée en 1202, fut assiégée en 1212 par les hommes d'armes de Philippe de Dreux, évêque de Beauvais ; le siège dura treize jours. La maison forte aurait reçu la visite de Louis IX et de sa mère Blanche de Castille. Le château actuel, vaste demeure seigneuriale, a été reconstruit en 1724 par François Michel du Mesnil, qui avait épousé Thérèse de Gaudechart ; il mourut sans enfant et laissa ses biens à son épouse par testament en 1778. Les façades et les toitures du château et des communs, ainsi que la grille d'entrée, ont été inscrites au titre des monuments historiques le 19 avril 1961 ; les parties du long corps principal et des communs, à l'exception de la poterne, sont protégées. Les tours formant la poterne sont probablement des imitations des tours du XVe siècle du château de Langeais. De 1819 à 1837, le château abrita le Petit Séminaire africain fondé par la révérende mère Anne‑Marie Javouhey. Pendant près de neuf siècles, cinq familles seulement se succédèrent à sa tête, la dernière étant la famille des marquis de Gaudechart, aujourd'hui éteinte. Le 11 février 2012, un incendie a embrasé la toiture.