Origine et histoire du Château de Balincourt
Le domaine de Balincourt, situé dans les communes d'Arronville, Theuville et Menouville, occupe la vallée du Sausseron, dans le Vexin français (Val-d'Oise, Île-de-France). Le château principal a été conçu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle pour Charles-Louis de Balincourt par l'architecte Denis-Claude Liégeon, qui dessina également le parc, l'orangerie et la chapelle. À l'origine l'édifice présentait un péristyle en saillie de quatre colonnes ioniques et un corps central couronné d'un fronton, une composition complétée par une chapelle ovale et un appartement des bains. Une statue colossale du maréchal de Balincourt, œuvre de Bocciardi, était placée à l'extrémité de l'avenue, sur un piédestal décoré de trophées d'armes. Les propriétaires furent exécutés à la Révolution et le château devint en 1803 la propriété de Pierre Riel de Beurnonville ; son épouse fit aménager des intérieurs de style Empire, visibles sur un portrait de 1808. Après plusieurs transmissions héréditaires, le domaine fut acquis en 1908 par le roi Léopold II, qui y entreprit d'importantes transformations et confia le mobilier à la maison Jansen ; un architecte proche du souverain fit avancer les travées centrales et réorganiser le péristyle. Dès le début du XXe siècle, Raffaële Maïnella (également cité Raffaele Mainella), décorateur et paysagiste d'origine vénitienne, intervint sur la recomposition des décors intérieurs, sur l'orangerie et la chapelle, et ajouta dans le parc des fabriques pittoresques ainsi que des aménagements hydrauliques. En 1915 le domaine fut vendu au marchand d'armes Basil Zaharoff, qui fit réaliser des travaux par Nikolaos Zahos, notamment une colonnade en arc-de-cercle dans le parc et probablement des transformations sur la façade. Après la mort de Zaharoff, la propriété revint à Maria de los Angelos de Borbón y de Muguiro, dite « dame de Balincourt », puis resta dans la descendance familiale, avec Anne Ostrorog pour héritière directe et ses enfants mentionnés dans la généalogie de la famille. Le château et le parc sont inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 27 février 1989. Architectoniquement, l'édifice conserve un parti classique édifié sur les caves voûtées de l'ancien manoir : le corps principal présente sept travées et deux étages, le second formant un attique, le toit étant à deux croupes. La façade sur la cour d'honneur, orientée au nord-nord-est, est précédée d'un péristyle reposant sur quatre colonnes ioniques dont les chapiteaux s'inspirent du temple d'Athéna de Priène ; un fronton triangulaire est décoré d'un soleil en bronze daté de 1920. Deux ailes basses en retour d'équerre flanquent la cour ; la façade sur jardin, plus simple, s'ouvre sur des fenêtres plein cintre au rez-de-chaussée et rectangulaires à l'étage. Le portail central, cantonné de colonnes et surmonté d'un balcon, ainsi que des pots-à-feu disposés en niches à l'étage, correspondent à des aménagements postérieurs. L'ancienne orangerie, à droite de la cour, abrite depuis les transformations un petit théâtre intime ; la chapelle, attribuée à Liégeon, se situe au nord de l'orangerie. Le parc se structure autour d'un canal qui pénètre l'axe de la propriété pour former une île longue et étroite ; du côté sud-sud-ouest, les parterres aboutissent à un bassin et à une terrasse bordée de deux colonnades en quart-de-cercle. Plusieurs fabriques dispersées dans le parc — tour gothique, fausse ruine, loggia mauresque à arcades en tiers-point — témoignent des interventions paysagères du début du XXe siècle, enrichies par des sculptures d'origine italienne. Le domaine a par ailleurs servi de lieu de tournage, notamment pour le film Le Comte de Monte-Cristo (2024), où il figure comme la résidence du personnage du baron Danglars.