Origine et histoire du Château de Balleroy
Le château de Balleroy se dresse à Balleroy‑sur‑Drôme (Calvados), dominant la rivière Drôme. Le fief fut acquis le 1er avril 1600 par Jean de Choisy ; son fils Jean II de Choisy fit vraisemblablement édifier la demeure entre 1625 et 1630 sur des plans attribués à François Mansart. Selon la tradition, Jean de Choisy doit sa fortune à son rapprochement avec le surintendant des finances François d'O. Le bâtiment principal se compose d’un pavillon central à trois étages encadré de deux ailes symétriques à deux étages, coiffés de hauts toits d’ardoise ponctués de lucarnes, et l’ensemble est entouré de douves. Le pavillon central, couronné d’un lanternon et d’un campanile, abrite un grand escalier à jour central ; les façades opposent le schiste rouge local aux chaînes de pierre de Caen. La cour d’entrée, précédée d’un fossé et close par une grille en fer forgé, est encadrée de bâtiments de communs et décorée de parterres à la française ; une longue avenue met en perspective l’approche du château. Les jardins, ordonnés en parterres et terrasses, sont dessinés dans la tradition des jardins à la française et ont été cités parmi les trois cents plus beaux jardins de France. L’intérieur conserve un décor notable : le plafond du grand salon, longtemps attribué à Pierre Mignard (1670), est aujourd’hui plutôt rattaché à Charles de La Fosse, et la pièce présente des portraits attribués à Juste d’Egmont réalisés pendant la Fronde. Le Grand Condé est figuré au‑dessus de la cheminée, tandis que des portraits de Louis XIII et de Louis XIV occupent des places secondaires ; le salon du rez‑de‑chaussée a reçu un Tobie et l’Ange de Claude Vignon. Les communs abritent le musée de l’aérostation créé par Malcolm Forbes, qui rassemble des documents sur les frères Montgolfier. Le domaine fut élevé en marquisat par lettres patentes en 1704 et connut par la suite des transmissions familiales et des saisies pendant la Révolution ; deux membres de la famille y furent arrêtés et condamnés à la guillotine, puis une héritière obtint et partagea une part du patrimoine familial. Après diverses successions et rachats, la propriété resta aux descendants de la famille La Cour jusqu’au XXe siècle. En 1970 la propriétaire Myriam Bénédic vendit le château à l’homme d’affaires américain Malcolm Forbes, qui y aménagea le musée des Ballons ; en août 2019 Christopher Forbes revendit le château et son mobilier à l’entrepreneur américain Roy Eddleman. Parmi les occupants et visiteurs célèbres figurent Mme de Choisy et l’abbé de Choisy, auteur de Mémoires, le peintre Albert de la Cour de Balleroy, ami du groupe des Batignolles, et Marcel Proust, qui visita le château en compagnie de Paul Helleu et l’aurait transposé dans À la recherche du temps perdu. Le château, ses pavillons d’angle de la cour d’honneur, les façades et toitures des communs, les deux tours qui les précèdent, les douves, les jardins et le parc sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 18 janvier 1951 ; le parc et ses avenues sont par ailleurs classés comme site depuis le 4 mars 1943.