Origine et histoire du Château de Barbarin
Le château de Barbarin est une ancienne maison forte du XIVe siècle perchée sur les hauteurs du bourg ancien de Revel, dans la commune de Revel-Tourdan (Isère), qui domine la plaine de la Bièvre. Édifié en galets et molasse, il présente un grand corps de logis rectangulaire cantonné d'une tour ronde et possède à l'origine une tour quadrangulaire sur trois ou quatre niveaux. La construction résulte de plusieurs campagnes : au XVe siècle fut ajouté un logis rectangulaire de deux niveaux, puis, lors d'une troisième phase antérieure à 1586, le logis fut surélevé et une tour d'angle pourvue de bouches à feu fut édifiée ; l'ensemble était protégé par des douves. À l'intérieur, les salles du rez-de-chaussée conservent un plafond « à la française » et un décor de stucs, tandis qu'au premier étage un décor peint important, composé de bandes verticales d'un rouge orangé très lumineux, a été mis au jour en 2009.
La tour quadrangulaire initiale est attribuée à François de Revel, seigneur du fief, et le site a servi d'observatoire militaire pour surveiller la plaine. Au XVe siècle, Josserand de Saussac et son épouse Marie de Rousillon occupèrent la maison forte et y ajoutèrent une haute et une basse cour ainsi que deux grandes salles peintes. À la Renaissance, le château connut plusieurs changements de propriétaires et d'aménagements : vendu en 1565 à Jean-François de Saussac, il fut ensuite cédé en 1586 à Octavien Emé de Saint-Julien pour 12 000 écus, une vente suivie de procédures judiciaires aboutissant à une restitution et à la remise des possessions vers 1596. Octavien fit élever une cour, une tour ronde et deux dépendances supplémentaires.
Aux périodes classiques et modernes, les héritiers poursuivirent des travaux : Ennemond Emé de Saint Julien et son épouse entreprirent des travaux de couverture, et plus tard Laurent Joseph Emé de Saint Julien transforma la façade sud en perçant près de vingt-trois fenêtres, fit édifier deux pavillons encadrant une terrasse et aménagea les jardins ; une grange à trois nefs fut construite entre 1728 et 1732. En 1745 le domaine fut vendu à Pierre Hilaire de Lamalétie.
Au XIXe siècle François Aimé de Luzy acquit, en 1826, le château et l'ensemble des dépendances et terres — maisons fermières, granges, écurie, remises, colombier, basses cours, fontaines, jardins, prés, vignes, étangs, bois, moulin, battoir, prises d'eau et autres dépendances — et fit édifier la ferme à l'arrière du domaine. Au XXe siècle, la propriété resta entre les mains de familles locales puis, en 1984, le château fut cédé seul à Christophe Effantin, marquant la première séparation du bâti et des terres ; il servit ensuite de colonie de vacances puis resta longtemps à l'abandon. Racheté en 1993 par Philippe Seigle avec la ferme, la grange et les dépendances, le site a fait l'objet d'une restauration étalée sur une trentaine d'années.
Inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 27 octobre 2011, le château de Barbarin est aujourd'hui une propriété privée ouverte ponctuellement au public dans le cadre d'animations culturelles, de visites guidées — notamment en période estivale et lors des Journées européennes du patrimoine — et d'activités d'hébergement sous forme de chambres et tables d'hôtes ; une association, Gens de Barbarin, anime le lieu et le propriétaire représente cette structure au sein de la Fédération des associations patrimoniales de l'Isère et dans le réseau Châteaux Alpes Isère.