Château de Baronville à Béville-le-Comte dans l'Eure-et-Loir

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Baronville

  • C.D. 130
  • 28700 Béville-le-Comte
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Château de Baronville
Crédit photo : Pucesurvitaminee - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

3e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures ; atrium ; galerie ; deux escaliers (cad. 1960 B 40) : inscription par arrêté du 20 décembre 1985

Origine et histoire du Château de Baronville

Le château de Baronville est un édifice néo‑Louis XIII à volumes multiples, représentatif de l'architecture archéologiste du troisième tiers du XIXe siècle. Il se situe à cheval sur les communes de Béville‑le‑Comte et d'Oinville‑sous‑Auneau, au cœur d'un domaine agricole et forestier qui comprend également des parcelles à Auneau et Roinville. Un premier château est mentionné dès le XIIIe siècle, puis un second fut édifié à la fin du XVIe siècle ; les communs datant de 1623 subsistent de cet ensemble antérieur. L'actuel château a été construit en 1868 sur l'emplacement du château du XVIIe siècle, démoli pour l'occasion, selon les plans de l'architecte Léon de Sanges. Le parti retenu associe la brique d'Auneau et la pierre blanche de Poitiers : murs de briques, chaînes d'angles, entourages de fenêtres en pierre, toits pentus ornés de lucarnes et de hautes cheminées caractérisent l'édifice. Les toitures en ardoise, le belvédère du pavillon axial et l'emploi du fer pour certaines charpentes participent à la silhouette polychrome du bâtiment. Le chantier conserva l'orientation et le nombre de fenêtres de l'ancien château tout en élargissant le périmètre au sol et en maintenant les douves sèches. La construction mobilisa des matériaux locaux et transportés, le sable et l'argile du voisinage servant au mortier et aux briques, tandis que la pierre de Poitiers fut acheminée par train. L'aménagement paysager transforma les parterres à la française en parc paysager ; un escalier à double révolution relie la terrasse à un miroir d'eau. L'intérieur montre une volonté de confort moderne : atrium d'apparat, grande galerie néo‑classique libérant l'espace, deux escaliers aux extrémités et boiseries anciennes réutilisées dans les chambres des propriétaires. Le toponyme Baronville (baronis villa) renvoie à l'époque gallo‑romaine et le fief, fortifié au Moyen Âge, faisait partie des "chastels de la Voise" chargés de contrôler la vallée. Au fil des siècles la seigneurie passa entre plusieurs familles, parmi lesquelles les seigneurs de Machery, la famille de Prunelé, puis des acquéreurs issus de la bourgeoisie de Chartres, comme Gervaise Vallet. Claude de Montescot acheta la seigneurie en 1602 et son fils Jacques acheva, en 1623, la construction du château alors attestée par la date inscrite au fronton de l'édifice démoli en 1868. Par alliance la seigneurie passa ensuite aux Lattaignant, qui modernisèrent jardins, bassins et statues, puis, après des ventes liées à des difficultés financières, elle revint au marquis d'Aligre. Négligé pendant une dizaine d'années, le château fut estimé en mauvais état lors de la période révolutionnaire et les plans dressés alors témoignent d'une enceinte, d'un corps de logis flanqué de pavillons, de douves et d'un réseau d'allées desservant les terres. Des documents anciens, notamment une aquarelle de 1775 et une photographie de 1866 conservées par la famille de Rougé, offrent des vues du parc et de l'ancien château avec ses parterres, son canal et sa fontaine monumentale. Après le rachat progressif des biens de la famille d'Aligre à la Révolution, la succession et les partages conduisirent, au XIXe siècle, à la possession du domaine par Armand de Pomereu d'Aligre. C'est lui qui, en 1868, fit raser le château de 1623 pour y édifier l'édifice actuel, conforme aux usages et au confort du Second Empire. La réalisation du nouveau château dura environ trois ans et provoqua des perturbations locales lors de l'arrivée des ouvriers, puis des travaux de réparation après la guerre franco‑prussienne et une occupation militaire qui suivit son achèvement. Au XXe siècle, le domaine accueillit des soldats en convalescence pendant la Première Guerre mondiale grâce à la vicomtesse de Pomereu d'Aligre, puis, après un mariage en 1931, entra dans la famille de Rougé. Pendant la Seconde Guerre mondiale le château fut occupé à plusieurs reprises par les forces allemandes ; il subit pillages et réquisitions, puis fut libéré par les forces alliées et plus tard restauré par la famille. À partir de 1980 le château a été ouvert à la location pour réceptions, tournages et visites, et, sous la direction d'Aymeric de Rougé d'Aligre, le carrousel a été rénové et inauguré pour des réceptions en 2012. En 2020 l'ensemble des terres agricoles du domaine a été converti à l'agriculture biologique et les bois gérés selon le label PEFC, faisant de Baronville l'une des plus importantes exploitations biologiques du département. Le château a reçu de nombreuses personnalités et a servi de décor pour des productions cinématographiques, notamment des scènes de Coco avant Chanel tournées en 2008. Les communs anciens, le parc, l'architecture polychrome et la continuité d'occupation par les familles d'Aligre, de Pomereu et de Rougé font de Baronville un lieu riche en histoire et en évolutions architecturales.

Liens externes