Origine et histoire du Château de Beaujeu
Le château de Beaujeu, situé à Sens‑Beaujeu (Cher) en bordure de la Sauldre, appartient à la province historique du Berry. Ses bases remontent à la seconde moitié du XVIe siècle : il a été édifié en 1566 pour Jean Dumesnil‑Simon, comme l'atteste une pierre sculptée conservée dans les caves. Le corps de logis est flanqué de deux tours ; deux ailes en retour d'équerre, vers le nord‑est, délimitent une cour d'entrée rectangulaire. Au sud‑est, les communs forment une composition de petits pavillons prolongés par deux grandes ailes en retour ; le colombier date du XVIe siècle, tandis que les bâtiments qui l'entourent ont vraisemblablement été reconstruits à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. Les soubassements du logis seigneurial et deux tours ont été préservés, mais les douves signalées sur un plan de la fin du XVIIIe siècle ont été comblées. Si l'extérieur conserve l'allure du XVIe siècle, la distribution et le décor intérieur ont été profondément remaniés au début du XIXe siècle. Les façades et l'aménagement intérieur, réalisés dans un style néo‑classique propre à la Restauration, ont transformé l'ancienne demeure médiévale en une résidence représentative de cette époque. Presque toutes les pièces ont été pourvues de boiseries ; sur le fronton de la façade ouest figurent les initiales P M et la date 1811. Le château a été acquis en 1809 par Pierre‑Maurice de Pommereau, qui entreprit d'importants travaux d'embellissement, poursuivis et achevés par son fils Marcellin. L'ensemble, très homogène, se distingue par des chaînages alternant grès noir et calcaire. L'étude du patrimoine du canton de Sancerre souligne que la réfection complète du château sous la Restauration est exemplaire par la cohérence entre l'architecture extérieure et le décor intérieur, ainsi que par sa bonne conservation. L'histoire locale est plus ancienne : la seigneurie de Beaujeu et le village de Sens‑Beaujeu sont liés à la Maison de Sully, qui fit ériger une motte castrale au lieu‑dit « la Motte », abandonnée ensuite au profit d'un second château au lieu‑dit « Le Vieux Beaujeu » à Neuilly‑en‑Sancerre, dont les ruines subsistent. Par alliances et successions, la propriété passa aux Mesnil‑Simon, puis aux Mesgrigny et aux Bouthillier de Chavigny, la famille ayant conservé le château jusqu'à la Révolution. Les descendants de Pierre‑Maurice de Pommereau sont toujours propriétaires et habitent le domaine.