Origine et histoire du Château de Beaumont-sur-Oise
Le château féodal de Beaumont-sur-Oise, aujourd’hui ruiné, domine la rive gauche de l’Oise sur un coin de plateau boisé de la commune du même nom, dans le Val-d’Oise (Île-de-France). La ville médiévale s’est organisée autour de ce site qui, dès le Xe siècle, associait donjon, collégiale castrale et église paroissiale au sein d’un système féodal. Le château, mentionné pour la première fois en 953, est alors décrit comme une construction en bois sur motte; la place forte a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises du Xe au XVIIe siècle, laissant une évolution architecturale lisible sur le site. Le noyau castral comprenait un large donjon roman rectangulaire à contreforts, pourvu d’une chapelle absidiale, et fut entouré au XIIIe siècle d’une enceinte flanquée de tours cylindriques. Une collégiale carolingienne a subsisté et une église élevée au XIIe siècle devint le prieuré Saint-Léonor avant d’être vendue comme bien national et abattue pendant la Révolution ; au XIXe siècle l’ensemble n’était plus que ruines. Au fil des conflits, la forteresse subit de nombreuses destructions : lors de la Grande Jacquerie une partie des fortifications fut détruite puis reconstruite en 1403, puis le château connut des sièges et occupations pendant la guerre de Cent Ans, des démolitions et des reconstructions au début du XVe siècle. En 1223, le comté rejoignit l’apanage royal et Saint Louis résida au château. Pendant le siège de Paris en 1590, le château et le village furent assiégés ; après environ un mois de résistance Jean de Poutrincourt dut se rendre et l’artillerie causa des dégâts importants aux tours. En 1814 le château, en mauvais état, cessa d’être une place militaire. Le site offrait un point de vue stratégique, dominant l’Oise d’une vingtaine de mètres, et comprenait une enceinte longue de 200 mètres, épaisse de 2,40 m et haute de dix à quinze mètres, formant une moitié de polygone à quatorze côtés avec sept tourelles rondes, une entrée à pont-levis et porte voûtée, ainsi qu’un donjon habitable de trois étages abritant les appartements seigneuriaux. Les fouilles archéologiques menées depuis 1984, et notamment celles de 1984 à 1987, ont mis au jour une succession de vestiges s’étalant sur un millénaire : une église qui reçut au Xe siècle les reliques de saint Léonor, un prieuré du XIe siècle avec une vaste église romane d’une nef et deux collatéraux, un cloître du XIIe siècle, puis des remaniements gothiques qui transformèrent le collatéral nord et le chevet en ouvrages défensifs remarquables. Les études ont montré que l’église gothique du prieuré et la muraille extérieure formaient autrefois un ensemble monumental dominant la vallée, tandis que le donjon roman, considéré comme l’un des plus imposants de France à son époque, et la muraille extérieure furent arasés à la fin de la guerre de Cent Ans; aux XVIe et XVIIe siècles, des aménagements d’artillerie modifièrent encore le pied du donjon. Le site archéologique du château est classé au titre des monuments historiques et les murailles ont été dégagées et réhabilitées en 1997.