Origine et histoire du Château de Béhéricourt
Le château de Béhéricourt est situé sur la commune de Béhéricourt (Oise), à cinq kilomètres de Noyon. Du château médiéval, probablement détruit en grande partie pendant les guerres de la Ligue, subsistent la porte fortifiée, des fragments du mur d'enceinte, les caves et le soubassement, attribués au début du XIVe siècle. Le château actuel résulte de campagnes de construction s'étalant du XVIIe au XIXe siècle, le corps de bâtiment sud-est relevant du XVIIe siècle et le corps nord-ouest du XIXe. Les vastes caves médiévales, formées d'un grand et d'un petit cellier reliés par des escaliers et pour la plupart voûtées en berceau, présentent un grand intérêt archéologique car elles permettent de reconstituer en partie le plan de l'édifice ancien. Malgré l'hétérogénéité de ses parties, le château neuf montre une conjugaison harmonieuse de grès, brique et pierre, en dépit d'une dissymétrie d'ensemble.
Le château vieux, construit à la fin du XIe siècle par l'évêque de Noyon, comprenait un donjon carré en brique rose et un logis attenant s'étendant vers l'ouest sur trois étages. Il fut détruit par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans, puis démantelé à nouveau par le roi Henri IV en juillet 1591 lors du siège de Noyon contre la Ligue picarde. Au XIVe siècle, Jean le Mercier, seigneur de Nouvion-le-Comte et trésorier des guerres du roi, racheta le château à Jeanne de Thourotte, descendante de Hugues II, seigneur de Béhéricourt. Au XVe siècle, le château appartint à Louis de Couste, page de Jeanne d'Arc ; sa déposition du 3 avril 1456 figure au procès de réhabilitation et ses armes ont été retrouvées dans la maçonnerie du logis. Au XVIe siècle, il fut la propriété de Jacques d'Humières, quatrième fils du duc d'Humières et gouverneur de Péronne. Ruiné par les guerres de la Ligue, Béhéricourt fut acquis au XVIIe siècle par le baron de Hautefort qui, avec son épouse, effectua d'importants travaux donnant à la tour sud et au donjon leur aspect actuel. Le dernier baron de Hautefort, impliqué dans la conspiration des prisons, fut condamné à mort et guillotiné ; le château fut racheté au début du XIXe siècle par Radix de Sainte-Foix, qui y entreprit des mutilations et conçut le domaine comme un projet spéculatif. Sainte-Foix profita de l'instabilité politique pour diviser l'importante propriété de 147 hectares de vignes et pousser la démolition de l'ancien logis afin d'en vendre les pierres. Divers éléments du château — la porte fortifiée, le mur de clôture, deux celliers médiévaux et leurs escaliers — ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1986.
Le château, construit à flanc de colline, s'organise selon le plan féodal à double enceinte en deux espaces distincts : la basse-cour, au sud, qui descend en pente douce vers l'ancienne route, et la haute-cour, au nord, ceinte de sa fortification castrale. La haute-cour, qui a conservé sa toponymie, abritait le four banal, le pressoir banal et une chapelle aujourd'hui sortie du domaine et servant d'église communale. Le château prend place à la jonction de ces deux espaces, dominant la basse-cour par le dénivelé et complétant l'enceinte de la haute-cour. De la première habitation subsistent le châtelet d'entrée dit « bastille », autrefois seul accès à la haute-cour, des portions du mur d'enceinte, d'importants celliers, des souterrains partiellement comblés et les soubassements du donjon et du logis primitif. L'ensemble actuel résulte de campagnes menées aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ; la partie est du logement, bâtie vers 1679 sur le soubassement de l'ancien donjon, a vu ses meurtrières élargies et a été amputée pour aménager un hall d'entrée et un nouvel escalier en bois à demi tournant sur tomette. La partie ouest du logis, édifiée vers 1878, remplace l'ancien logis dont seul le soubassement est encore visible dans la cour. Au rez-de-chaussée, les façades associent grès et calcaire, tandis que les niveaux supérieurs mêlent pierre et briques en remplissage. La couverture est principalement en tuiles plates sur un toit en croupe, la tour conique étant recouverte d'ardoise.