Période
3e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
Le château en totalité ; le parc en totalité avec son jardin à la française, sa statuaire, son potager clos, son bois, son étang et le tracé des avenues ; les façades et toitures de la maison du gardien, de l'ancien manoir rebaptisé "Guinefol", de la porterie, des anciens communs, de l'horloge et du puits (cad. AB 1 à 14, 16, 219, 283, 284) : inscription par arrêté du 26 février 2001
Origine et histoire du Château de Bel Air
Le château de Bel‑Air, situé au nord du bourg du Pertre (Ille‑et‑Vilaine, Bretagne), a été élevé en deux campagnes engagées à partir de 1870 à l’emplacement d’un ancien manoir qui, selon certains témoignages, comportait une tour carrée, un pigeonnier, deux jardins à la française et de nombreuses promenades et charmilles séparant la propriété des champs et prairies voisines. La première campagne, commandée par Louis de Legge et conduite par l’architecte Jacques Mellet de 1870 à 1873 — très certainement aidé par son fils aîné Jules — donna un petit château néogothique aux allures de villa balnéaire dont subsistent un pavillon et une tour d’escalier circulaire. Jugé trop modeste par Paul de Legge, son fils, le domaine fit l’objet d’une reconstruction menée par Henri Mellet entre 1910 et 1920; celle‑ci multiplia par trois la surface de l’édifice et adopta un parti pris formel inspiré du style Louis XIII. L’extension a consisté en un prolongement vers le nord et l’ouest, formant un plan à deux ailes disposées à 135° et articulées autour d’un pavillon carré. De cette seconde campagne se détachent notamment la grande galerie, l’escalier d’honneur et une chapelle néogothique dont les chapiteaux reprennent, sous forme de caricatures, des figures politiques liées à l’adoption de la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905. Cette coûteuse réalisation illustre l’ascension sociale d’une famille aristocratique alliée aux Hays des Nétumières et traduit, par le recours aux modèles du XVIIe siècle, une volonté manifeste de légitimation monarchiste. Pour certains observateurs, dont François Loyer, le château constitue une œuvre de tonalité réactionnaire et pourrait être considérée comme l’un des derniers grands châteaux de l’histoire de France, assertion mise en relation avec l’achèvement du parc en 1928. Le plan original, la distribution ingénieuse et le confort moderne de l’époque compensent l’absence d’innovation stylistique. L’intervention successive du père et de ses deux fils montre la continuité du cabinet Mellet sur ce chantier, l’un des derniers et peut‑être des plus ambitieux d’Henri Mellet. L’ensemble s’inscrit au cœur d’une vaste parcelle aménagée pour partie en jardin à la française, bois et étang; le jardin en terrasses a été conçu par les paysagistes M. de la Villartaye de Vitré et M. Redont de Paris. Les statues ornant les plates‑bandes sont des copies de modèles célèbres, dont certaines ont été fondues dans les ateliers du Val d’Osne — l’enfant au dauphin et l’enfant porteur d’une corne d’abondance — et d’autres fournies par les établissements Bellanger. Le château de Bel‑Air fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 26 février 2001.