Origine et histoire du Château de Bellegarde
L'ancien château, aussi nommé château des l'Hospital, se situe sur la commune de Bellegarde (Choisy-aux-Loges) dans le Loiret et fut siège d'un bref duché de Bellegarde puis du marquisat de Bellegarde. La présence du site est attestée dès 984 sous le nom de Sociacum, situé sur les voies des invasions hongroises et protégé alors par des fortifications en bois et palissades. Une charte de 1124 mentionne la fondation de Soisy‑aux‑Loges et le remplacement de la maison forte en bois par un donjon en pierre ; les fondations et trois arcatures du rez‑de‑chaussée témoignent d'origines remontant au XIIe siècle, et c'est aussi à cette époque que débutent les travaux de l'église. Le donjon a été commencé en 1355 ; Nicolas de Braque acquit le fief en octobre 1358 et fit édifier l'actuel donjon, sur plan carré avec quatre tourelles en encorbellement ; le roi Charles V l'inaugura le 13 juillet 1376. Réédifié à plusieurs reprises, le donjon conserve des éléments du XIVe siècle, notamment quatre échauguettes, et il présente le type du manoir féodal. Au XVIIe siècle un pavillon en pierre et briques fut ajouté à l'ouest et de grandes baies furent percées ; les escaliers monumentaux de la façade sud, réalisés par l'architecte Viel, datent de 1782. Au début du XVIIe siècle le domaine comprenait granges, bûchers, laiteries, étables, bergeries, écuries et autres dépendances qui subsistent encore. Sous les règnes d'Henri IV et de Louis XIII, Jacques de l'Hospital transforma la physionomie du château ; Claude Chastillon en dessina la vue tandis que Dom Morin le décrivit, et Jacques fit notamment ajouter à l'ouest le pavillon des Ondes, qui renferme un bel escalier à rampe de fer forgé. La tour dite du capitaine, élevée par Jacques de l'Hospital dans la haute cour et d'abord destinée à recevoir un colombier, est figurée par Chastillon ; elle fut plus tard aménagée en habitation par Gautier, sieur de Bésigny, et le nom de « capitaine » vient de l'usage alors consacré pour le concierge placé dans ce bâtiment. Les derniers l'Hospital firent édifier, à une date non précisée, les granges de la basse cour dont subsistent les portes de briques rayonnantes. Roger de Saint‑Lary acquit Choisy et fut élevé au duché de Bellegarde en 1646. En 1692 le duc d'Antin acheta le château ; l'arpenteur du roi Hyppolite Matis dressa des plans du duché visibles à la BnF et, à partir de 1717, le duc remania les deux cours pour installer ses écuries dans la basse cour et ses appartements dans la haute cour, en levant notamment le pavillon d'Antin (actuel café et lieu d'exposition abritant la collection de sculptures Charles Desvergnes) et en ajoutant le pavillon de la Salamandre (actuelle mairie), les cuisines et le pavillon de la surintendance, tout en aménageant le donjon par l'ouverture de hautes fenêtres dont on voit encore la trace. En 1776 le marquis Pierre Gilbert de Voisins acquit le marquisat de Bellegarde et fit réaliser en 1782 l'escalier d'honneur de la face sud par Viel, orné de colonnes dans un goût néo‑gréco. Le château fut morcelé après 1826 ; la grille de la cour d'Antin portant le monogramme Durand‑Pingot, posée en 1836, remplaça celle du duc d'Antin enlevée par les Alliés en 1815. Aujourd'hui la mairie occupe les lieux et le château sert de lieu d'expositions. Les jardins, connus par un recueil de Matis conservé à la BnF, comportaient devant le château un parterre de broderies en quatre compartiments sans bassin central mais avec le château entouré d'eau, un tapis vert montant vers une petite colline offrant une perspective sur le château, puis des allées de pelouses alternant avec des rangées d'arbres et un grand bassin central, ainsi que deux canaux dont l'un subsiste en partie. Plus loin se développaient le bosquet des Cloîtres, organisé autour d'un grand bassin et inspiré du bosquet des Cloîtres de Meudon, une île aménagée dans le parc pour des fêtes éphémères, et le pré dit du duel, une vaste pelouse trapézoïdale descendant vers la grande pièce d'eau entourée de quatre rangées d'arbres ; l'ensemble se caractérisait par la primauté de la nature, de l'eau, de la pelouse et des arbres plutôt que par des ornements artificiels. Le château de Bellegarde est partiellement inscrit aux Monuments historiques : les façades et toitures du donjon et du pavillon du XVIIe siècle accolés au donjon, les pavillons d'Antin, de l'Intendance et du Capitaine et leurs deux pavillons attenants, ainsi que les pavillons du Jardinier, de la Salamandre (mairie), de l'Écuyer et leurs écuries ont été inscrits le 24 avril 1928 ; des parties des communs furent inscrites le 13 mai 1937 ; enfin le donjon (murs, parapets et tertres des douves, plateforme avec ses deux ponts d'accès) fut inscrit le 22 octobre 1969.