Période
2e moitié XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, 2e moitié XVIIIe siècle
 
Patrimoine classé 
Château et chapelle ; balustrade du XVIIIe siècle bordant la terrasse et parterre contigü au château du côté nord (cad. A2 215, 217, 218) : classement par arrêté du 12 décembre 1930 ; Murs de soutènement surplombant la vallée de l'Orne et la terrasse qu'ils délimitent ; second parterre nord et allée de tilleuls qui le borde ; lavoir ; façades et toitures des ailes ouest et nord des communs ; façade orientale de l'aile est des communs avec sa balustrade (cad. A2 215, 217, 218, 222, 223) : classement par arrêté du 16 juillet 1987
 
 
Origine et histoire du Château de Bénouville
Le château de Bénouville, situé dans le Calvados en Normandie, est une demeure dessinée par Claude‑Nicolas Ledoux et construite à la fin du XVIIIe siècle pour François‑Hyppolite Sanguin, marquis de Livry, et son épouse Thérèse‑Bonne Gillain. Après la démolition de l’ancien édifice, les travaux engagés à la fin des années 1760 s’achèvent à la fin des années 1770 ; les aménagements intérieurs sont confiés en 1774 à Joseph Devilliers de Maison‑Rouge, puis la décoration est reprise jusqu’en 1779 par Jean‑François‑Étienne Gilet. L’architecture du château se distingue par l’abandon des mansardes traditionnelles et la dissimulation des toitures derrière un attique, témoignant d’un parti néoclassique audacieux pour l’époque. Vendu en 1792 à François‑Marie Mesnage de Pressigny, il revient ensuite à la famille d’Aubigny sous le Consulat et reste dans cette famille jusqu’en 1927. À partir du milieu du XIXe siècle, le domaine est bordé au sud‑est par le canal de Caen à la mer, inauguré en 1857. 
En 1927, le conseil général du Calvados acquiert le domaine et y installe une maison maternelle départementale avec maternité, inauguration faite le 27 octobre 1927 par Raymond Poincaré ; l’établissement, tenu par des religieuses, accueille notamment des jeunes femmes en difficulté et des mères. Sous la direction de Léa Vion à partir de 1935, le château joue un rôle dans la Résistance : son activité officielle sert de couverture, des renseignements sur les installations allemandes sont transmis aux Alliés, des postes émetteurs et des caches abritent armes, fugitifs et aviateurs alliés, et des faux papiers sont fournis. Le site profite aussi d’une protection relative contre les bombardements grâce à une grande croix rouge sur le toit ; lors du débarquement des combats ont lieu à proximité, notamment la prise du pont de Bénouville, futur Pegasus Bridge. La maternité voit naître, entre autres, Gérard Lenorman en 1945, et Raymonde Girardot y exerce comme sage‑femme ; le château accueille par ailleurs des enfants de l’Assistance publique jusqu’à la fin des années 1970. 
Des travaux de restauration sont entrepris au début des années 1980 en vue d’accueillir la chambre régionale des comptes, que le château abrite de 1986 à 2012. Depuis mai 2013, il est le siège de l’Institut européen des jardins et paysages, dédié à la mémoire et à la promotion de l’art des jardins. Le 6 juin 2014, le château accueille le déjeuner des chefs d’État et de gouvernement à l’occasion du 70e anniversaire du débarquement et une réunion quadripartite qui donnera lieu au « format Normandie ». Fermé au public depuis septembre 2024, au lendemain des Journées européennes du patrimoine, il fait l’objet de travaux pour être transformé en lieu culturel dont l’ouverture est prévue en 2027 ; ces restaurations visent notamment à restituer l’atmosphère du XVIIIe siècle en restituant la toiture, les huisseries et les parquets. 
Inscrit au titre des monuments historiques, le château et la chapelle, ainsi que la balustrade bordant la terrasse et le parterre nord, sont classés par arrêté du 12 décembre 1930 ; d’autres éléments du domaine — murs de soutènement surplombant la vallée de l’Orne, parterres, allée de tilleuls, lavoir ainsi que certaines façades et toitures des communs — sont classés par arrêté du 16 juillet 1987. L’édifice, qui conserve une cage d’escalier monumentale et une architecture remarquable par sa modernité pour la fin du XVIIIe siècle, figure parmi les œuvres de Ledoux les mieux préservées.