Origine et histoire
Le château de Bercy, situé à Bercy (partie rattachée à Charenton-le-Pont en 1860), était un édifice élevé du XVIIe au début du XVIIIe siècle et démoli en 1861. Il se dressait au bord de la Seine dans l’emprise actuelle des voies de la gare de Lyon à Charenton; aujourd’hui ne subsistent que les pavillons des communs. Une seigneurie et un manoir au bord de la Seine sont attestés dès 1134 et la propriété passe en 1522 aux mains de la famille de Malon. À partir de 1658 François Le Vau entreprend la construction d’un nouveau château plus au nord ; à sa mort en 1676 seuls le corps principal et l’aile orientale étaient érigés. L’aile ouest, l’avant-cour, les jardins et les terrasses sont réalisés dans le dernier quart du XVIIe siècle. Entre 1712 et 1714 Jacques de La Guépière construit la chapelle, les communs, les écuries et les basses-cours, redistribue l’intérieur du château et aménage la grande terrasse au bord de l’eau. Le décor intérieur est confié en 1713-1714 aux sculpteurs Jules Degoullons, Pierre Taupin, Marin Bellan et Le Goupil. Selon Dezallier d’Argenville, l’aménagement du parc est attribué à André Le Nôtre. Le parc, qui s’étendait largement entre la Seine et la rue de Charenton et englobait une partie importante du territoire de l’ancienne commune de Bercy, comprenait un grand parterre de broderies encadrant une pelouse centrale de type boulingrin, des bosquets, des allées et une terrasse dominant la Seine ; le parterre fut simplifié au XVIIIe siècle. À partir de 1809 le domaine est progressivement morcelé : l’installation d’entrepôts et de négociants en vins, les fortifications de Thiers et l’ouverture de lignes ferroviaires entraînent des expropriations et la réduction du parc. En 1860 le décor intérieur et le mobilier sont dispersés aux enchères et de nombreux éléments sont remontés dans des demeures et des musées en France et en Grande-Bretagne. Parmi eux, les boiseries du grand cabinet du rez-de-chaussée ont été remontées à l’hôtel Hirsch (2 rue de l’Élysée), celles du premier étage sont conservées à Chislehurst en Grande-Bretagne, deux fontaines se trouvent au château de Ferrières et la balustrade de la chapelle a été remployée à l’église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux. D’autres boiseries et décors ont été réemployés au palais de l’Élysée, à l’hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville (actuelle ambassade d’Italie), au château de Bizy, au château de Craon et au château de Camden Place. Avant la démolition, l’architecte Joseph-Antoine Froelicher a relevé à l’aquarelle les principaux décors ; soixante-deux de ces relevés sont conservés au Département des Arts graphiques du musée du Louvre. De nombreux meubles et œuvres dispersés furent acquis par des collectionneurs et des institutions ; une console attribuée aux années 1690-1700 est ainsi entrée dans les collections du musée du Louvre. Le domaine fut aussi un lieu de réception : Aymar‑François de Nicolaÿ y reçut Napoléon Ier en 1811 et y donna, sous la Restauration, des représentations théâtrales. Les statues et éléments décoratifs du parc furent redistribués ; certaines figures trouvèrent place à Bagatelle avant d’être rachetées par la Ville de Paris. Les lions qui ornaient la terrasse surplombant la Seine laissent un souvenir incertain : les sculptures actuelles du quai de Bercy ne correspondent pas exactement aux dessins conservés, mais la toponymie et l’usage fluvial gardent leur mémoire. Le château est démoli en 1861 ; seuls subsistent encore des dépendances rue du Petit‑Château, dont les pavillons d’entrée. Les façades principales et latérales ainsi que les couvertures du n°114 rue du Petit‑Château font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis 1959, et les façades et toitures du pavillon de chasse, hors aile en retour, sont classées depuis 1966.