Origine et histoire
Le château de Berny était un château fort situé à l'emplacement actuel du Val‑de‑Marne, à Fresnes, à la limite d'Antony et des Hauts‑de‑Seine, près du carrefour de la Croix de Berny. Quelques vestiges subsistaient encore en 1956 au 4 de la promenade du Barrage. Le fief de Berny est mentionné pour la première fois en 1422, lorsque la seigneurie passa à Jehan Sac, bourgeois de Paris. Après une période sans renseignements, la propriété réapparaît en 1520 parmi les biens de la famille des Brûlart, parlementaires. Pierre III Brûlart y est dit seigneur, puis la succession revient à son fils Nicolas Brûlart de Sillery, chancelier de France. Des travaux mineurs furent réalisés, certains sous la direction de l'architecte Clément Métezeau. En 1623, Pierre IV Brûlart chargea le jeune François Mansart de transformer entièrement le château ; les travaux furent achevés vers 1635 et l'ouvrage fut admiré par ses contemporains. Le château passa ensuite à Pomponne II de Bellièvre, qui le rendit célèbre en y recevant clandestinement des conjurés de La Fronde. En 1653, Hugues de Lionne en devint propriétaire ; nommé ministre d'État et titré baron de Fresnes puis marquis de Berny, il y donna des fêtes jusqu'à sa mort en 1671. Son fils Louis vendit notamment à Louis XIV soixante-dix orangers provenant du domaine. En 1685, le domaine fut acquis par l'abbaye de Saint‑Germain‑des‑Prés et servi de résidence aux abbés commendataires. Le cardinal de Furstenberg y mena une vie de plaisir et fit redécorer le château ainsi qu'aménager le parc avec des jeux d'eau, une île dans un boulingrin et un « théâtre de fleurs », ainsi que divers agréments et attractions de jardin. Sous la possession de l'abbaye, Louis de Bourbon‑Condé, comte de Clermont, obtint la jouissance de Berny en 1737 ; il fit restaurer le domaine par Jacques Hardouin‑Mansart de Sagonne et y fit établir un théâtre. Le comte vécut au château avec des maîtresses successives, dont Marie‑Anne de Camargo et Élisabeth Claire Leduc, qui s'y installa durablement et donna lieu à de nombreuses fêtes et divertissements. Élisabeth Leduc reçut pour titre marquise de Tourvoie, eut des enfants en 1766 et 1768, et le comte mourut en 1771 ; son successeur à l'abbaye se montra peu intéressé par Berny. Vendu comme bien national pendant la Révolution, le château fut démoli progressivement à partir de 1808, tandis que le parc ne fut loti qu'en 1905. Entre‑temps, les haras de Berny occupèrent une grande partie du domaine et organisèrent des steeple‑chases populaires entre 1834 et 1893, mentionnées par William Thackeray dans Le livre des snobs. Aujourd'hui, il ne subsiste qu'une portion de l'aile nord, intégrée au 4‑6 promenade du Barrage : au XIXe siècle s'y installa un moulin sur la Bièvre, puis les bâtiments furent occupés par la fabrique de meubles Lair avant d'être aménagés en résidence. Ce vestige permet néanmoins d'imaginer la grandeur de l'ouvrage de Mansart, avec ses hautes toitures, ses colonnades et ses éléments décoratifs annoncés par les descriptions anciennes. Le pavillon du XVIIe siècle a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 10 avril 1929. Le comte de Clermont avait fait construire un théâtre en forme de chapelle pour ménager les apparences ; on y donna des opéras, comédies et divertissements, parmi lesquels La Provinciale de Marivaux (1750), des pièces et vaudevilles de Charles Collé, des ouvrages de Michel Blavet et des parades burlesques représentées à Berny et reprises ailleurs. L'iconographie du site comprend une gravure de Claude de Chastillon, une planche de Matthäus Merian de 1655, plusieurs estampes d'Israël Silvestre et des plans montrant les jardins traversés par la Bièvre. Les sources et travaux consultés sur Berny incluent un manuscrit de 1728, des études sur François Mansart, une thèse sur Jacques Hardouin‑Mansart de Sagonne et des articles récents sur l'histoire architecturale du domaine.