Origine et histoire du Château de Beuzeville-la-Grenier
Le château de Beuzeville-la-Grenier, aujourd’hui en ruine, se dresse sur la commune de Beuzeville-la-Grenier en Seine‑Maritime ; un manoir contigu, daté des XVe–XVIe siècles, lui est accolé. Le quart de fief de Beuzeville est attesté en 1210 et relève, en 1497, de la baronnie de Hallebosc. Sous les ducs de Normandie, la seigneurie appartenait aux Grenet puis, jusqu’à la guerre de Cent Ans, à une famille chevaleresque apparentée aux Auricher. Un manoir est construit au XVe siècle dont subsiste le logis ; sa façade principale est remaniée au moment de l’édification du château. La construction du château est commencée en 1547 pour Antoine Selle ; d’autres sources l’attribuent à Antoine de Scelles et Madeleine de Ravenel ; elle s’achève en 1588 pour René de Prie. Par alliances, la propriété passe ensuite aux familles de Prie, Hautemer et La Mothe‑Houdancourt, qui, dès le XVIIe siècle, n’occupent plus le château. Paul‑Tanguy de La Luzerne voit la terre de Beuzeville élevée en marquisat, et, au XVIIIe siècle, le château sert de logement aux fermiers de la comtesse d’Hunolstein. Le colombier date du XVIIIe siècle et l’étable porte la date de 1762. L’ancien château se présentait comme un corps de logis quadrangulaire flanqué de tourelles en encorbellement, d’un étage au‑dessus d’un rez‑de‑chaussée surélevé, coiffé d’un haut comble en forte pente en ardoises et percé de hautes cheminées ; l’édifice est bâti en pierre de taille. Le manoir, bâti en silex avec chaînes de pierre et flanqué d’une tour, est daté des XVe–XVIe siècles. Le château a été comparé à Azay‑le‑Rideau et Philibert Delorme est parfois cité comme source d’inspiration. Les façades et les toitures du château et du manoir sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 14 avril 1930. En 1948, le propriétaire demande la démolition du château inscrit, le signalant en péril : le rapport de l’architecte en chef relève que la charpente ancienne subsiste encore en partie, que la couverture en ardoise est dans un état déplorable, que des planchers se sont effondrés et que toutes les menuiseries ont été arrachées. Depuis, la charpente et la couverture se sont effondrées et seuls les murs subsistent. Des documents figurés permettent de connaître l’état du logis avant ces destructions et attestent la présence d’un portail couvert en chaume.