Origine et histoire du Château de Beynac
Le château de Beynac, perché sur un éperon calcaire dominant la Dordogne à Beynac‑et‑Cazenac, est classé monument historique et figure parmi les mieux conservés du Périgord noir. Le site a probablement été occupé dès le haut Moyen Âge et les seigneurs de Beynac sont attestés à la fin du XIe siècle ; le château lui‑même a été bâti dès le XIIe siècle par les barons de Beynac pour verrouiller la vallée. Au début du XIIe siècle, Simon de Montfort fit détruire des parties du château, puis la seigneurie devint fief du comte de Toulouse en 1238 ; par le traité de Brétigny, Beynac passa sous domination anglaise avant de se rallier à Charles V en 1368. Après la mort d'Adhémar de Beynac, Richard Cœur de Lion offrit la seigneurie à Mercadier, qui fut assassiné en 1200, et la baronnie revint ensuite à la famille d'origine ; la châtellenie fut divisée à partir de 1241 entre deux branches qui ne se réunirent qu'en 1379. Pendant la guerre de Cent Ans, la forteresse constituait l'une des places fortes françaises face aux possessions anglaises de l'autre rive, où se dressait notamment le château de Castelnaud. Extérieurement, le château a conservé son organisation médiévale : il occupe un vaste quadrilatère irrégulier bordant le roc, avec au nord‑ouest un donjon carré crénelé flanqué d'une tourelle d'escalier. Un mur de courtine à mâchicoulis relie ce donjon à une tour et à un bastion méridional qui protégeait les faces ouest et sud ; ce bastion est coiffé d'un crénelage et de deux tourelles cylindriques d'angle. Les corps de logis se développent sur les faces sud et est et ont été remaniés aux XVIe et XVIIe siècles, avec l'ajout d'une tourelle en encorbellement et d'un escalier de plan carré desservant des appartements. La face nord est fermée par un mur de courtine crénelé, renforcé à l'un de ses angles par une tourelle en encorbellement. Une cour intérieure éclaire deux escaliers : l'un dessert le donjon et les salles de défense, l'autre, construit au XVIIe siècle, conduit aux appartements ornés de boiseries, de poutres sculptées et de peintures d'entrelacs et de rinceaux. Deux pièces présentent un décor peint du XVIIe siècle, et la salle dite des États du Périgord conserve une cheminée Renaissance richement sculptée ainsi qu'un oratoire peint au XVe siècle. Aux abords se trouvent la poterne, des tourelles défensives, des bâtiments de communs reliés aux terrasses et l'église du bourg. Sous le château, un bâtiment rectangulaire de deux étages sur rez‑de‑chaussée, formé de deux grandes salles et accessible par une porte à linteau droit côté ouest, a été interprété tantôt comme abbaye ou prieuré, tantôt plus vraisemblablement comme l'ancien présidial ; la qualité de la maçonnerie du second étage laisse supposer une salle d'apparat. Le château, protégé côté plateau par une double enceinte et bâti sur un surplomb culminant à pic, a fait l'objet de restaurations au XXe siècle après son achat en 1962 par Lucien Grosso, qui, aidé de Denise Grosso, entreprit sa remise en état ; le couple légua ensuite le domaine à Albéric de Montgolfier. Classé par arrêté en 1944, le site accueille un public nombreux et a reçu 125 000 visiteurs en 2022. Le château a enfin servi de décor à de nombreux films et séries, parmi lesquels Le Capitan, Ever After (À tout jamais), Le Chocolat et The Last Duel.