Château de Beynes dans les Yvelines

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Beynes

  • 2 Avenue de la Gare
  • 78650 Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Château de Beynes
Crédit photo : ℍenry Salomé - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIe siècle, XIIIe siècle, XIVe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

L'ensemble des vestiges et des sols du château avec ses fossés, y compris les murs de la contrescarpe, tel que délimité en rouge sur le plan annexé à l'arrêté, correspondant aux parcelles G 22, 882, 890 : classement par arrêté du 17 janvier 2014

Origine et histoire du Château de Beynes

Le château de Beynes, seul édifice significatif de la vallée de la Mauldre, est un exemple original d'architecture militaire mentionné dès le XIIe siècle dans un hommage de Simon III de Montfort à l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Il se situe dans la commune de Beynes, dans les Yvelines, au fond de la vallée de la Mauldre, à proximité de la rivière, à 22 km au sud-est de Versailles et à 24 km au nord-ouest de Mantes-la-Jolie, à environ 90 m d'altitude, entre les plateaux de la plaine de Versailles, les vallons du Mantois et la lisière de la forêt domaniale de Beynes. L'ensemble médiéval en ruines, partiellement conservé, a été inscrit à l'inventaire des monuments historiques en 1959 et classé en 2014.

Le territoire de Beynes relevait de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés depuis la fin de l'Antiquité ; sous Robert le Pieux, la protection de ces terres fut confiée à Guillaume de Hainaut, premier seigneur de Montfort, chargé de défendre les marches du domaine royal face à l'anglo-normand. La seigneurie passa ensuite à Amaury Ier puis à Amaury II, et Richard de Montfort acheva la fortification du premier castrum entre 1087 et 1092 ; son frère Simon II résista en 1092 aux assauts du roi d'Angleterre Guillaume le Roux, qui ne parvint pas à prendre Montfort l'Amaury, Neauphle, Maule et Beynes. La première mention écrite d'un castrum à Beynes date toutefois de 1176 et les fouilles n'ont livré de vestiges certains que depuis la première moitié du XIIe siècle. Le terme castrum peut désigner une simple muraille ceignant le village plutôt qu'une motte castrale ; si une fortification antérieure existait, elle se trouvait probablement plus au sud, près de l'ancienne voie romaine et de la Mauldre.

La position de Beynes, qui contrôle l'ancienne voie nord-sud reliant la Loire à la Seine (axe Orléans–Beauvais), lui conféra une importance stratégique jusqu'au XVe siècle et en fit un point de défense avant Paris, la Mauldre constituant une seconde ligne protectrice. Les inondations récurrentes de la Mauldre conduisirent à édifier un premier château de pierre hors d'eau près de l'église et du haut du village, sur le replat d'un éperon rocheux au nord, avec des remblaiements au sud pour élargir son assiette. L'ouvrage comprenait une tour ovoïde à base de moellons d'une épaisseur de 2,20 m, chemisée d'une enceinte et desservie par une tour-porche ; la porte du donjon était placée à l'opposé de l'entrée du château pour limiter les pénétrations directes. La muraille qui entourait le village, complétée par un fossé et percée de trois portes appelées "de Paris", "de Mantes" et "du Château", était encore visible en 1714 et figurait sur le cadastre de 1818. Au XIIIe siècle, la seigneurie disposait d'un territoire paroissial important, le double de la moyenne de l'époque, et pouvait abriter jusqu'à 850 habitants, soit environ 170 familles. La topographie en fond de vallée imposa la construction de points d'appui sur le plateau : cinq fortifications complémentaires orientées vers l'ouest furent aménagées sous la forme de mottes et de fermes-fortes.

Pendant la guerre de Cent Ans et avec le développement de l'artillerie, le château fut profondément remanié : le donjon fut arasé, des logis furent ajoutés sur deux étages, l'enceinte primitive fut doublée et ponctuée de neuf tours semi-circulaires. Les fossés furent élargis et l'espace entre les deux enceintes comblé pour accueillir une galerie de casemate surmontée d'un boulevard d'artillerie, tandis que deux châtelets d'entrée composés de tours fortifiées contrôlaient l'accès au village et à la rivière. Transformé en garnison, le château joua alors un rôle de défense du domaine royal durant la guerre de Cent Ans.

À partir du XVe siècle, sa valeur stratégique déclina avec l'extension du domaine royal ; Robert d'Estouteville, chambellan de Charles VII et propriétaire, fit raser le donjon et adapta les fortifications à l'artillerie naissante. Au XVIe siècle, le logis passa des barons féodaux à des favorites et conseillers du roi ; devenu château d'agrément, il permit à ses propriétaires de se rapprocher de Paris et du pouvoir royal. Guillaume Poyet acquit Beynes en 1530 ; le domaine fut ensuite donné à Anne de Pisseleu puis, en 1536, cédé par Henri II à Diane de Poitiers, qui fit édifier un nouveau logis par Philibert Delorme, auteur entre autres des Tuileries, d'Anet et de parties de Chenonceau ; le château figure parmi les premiers où le principe du lamellé-collé fut appliqué à la charpente. Au XVIIe siècle, en 1688, des dames de la haute aristocratie s'y réunirent autour de la mystique Madame Guyon et organisèrent le 4 octobre une rencontre entre Madame Guyon et l'abbé de Fénelon, qui devint l'un de ses plus fervents disciples.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, le château tomba en ruine ; il servit de décor au parc anglais aménagé par les Phélyppeaux de Pontchartrain, fit l'objet d'un devis de restauration mais fut finalement abandonné, démantelé et utilisé comme carrière pour les constructions du village. Racheté par la municipalité en 1967, le domaine fut dégagé de la végétation, fouillé entre 1995 et 1999 et a bénéficié de travaux de consolidation. Au début de juin 2016, de fortes pluies inondèrent les douves et provoquèrent l'effondrement d'un pan de muraille ; des travaux menés par des bénévoles, subventionnés et sponsorisés, sont en cours pour stopper la dégradation et permettre l'accès au public. Aujourd'hui en ruines, le château adopte un plan circulaire qui reprend la forme de la motte castrale du XIe siècle ; il est traversé par une allée centrale donnant sur deux corps de logis, entouré de profondes douves et doté d'un pont-levis dont la barbacane a été restaurée.

Liens externes