Château de Blandy-les-Tours en Seine-et-Marne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Blandy-les-Tours

  • Place des Tours
  • 77115 Blandy
Château de Blandy-les-Tours
Château de Blandy-les-Tours
Château de Blandy-les-Tours
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Château de Blandy-les-Tours
Château de Blandy-les-Tours
Château de Blandy-les-Tours
Crédit photo : Lundeux. - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Période

XIIe siècle, XIVe siècle, XVe siècle, XVIe siècle

Patrimoine classé

Château (ancien) : classement par liste de 1889

Origine et histoire du Château de Blandy-les-Tours

Le château de Blandy‑les‑Tours, situé dans la commune du même nom en Seine‑et‑Marne, est un château fort construit entre le XIIIe et la seconde moitié du XIVe siècle, à 70 km de Paris et non loin de Vaux‑le‑Vicomte. Implanté dans le comté stratégique de Melun, à la frontière du comté de Champagne, il illustre l'affirmation du pouvoir seigneurial au Moyen Âge et la présence de représentants royaux, les vicomtes de Melun. Les vicomtes Guillaume II et Adam III de Melun seraient les constructeurs d'un premier manoir fortifié dès 1220, composé d'une enceinte irrégulière et de plusieurs tours, dont la tour Carrée, la tour Nord, la tour de Justice et une tour maîtresse servant de premier donjon. Au XIVe siècle, pendant la guerre de Cent Ans, les comtes de Tancarville, soutenus par des mandements royaux, transforment l'enceinte en véritable château fort : agrandissement du fossé, percée d'une nouvelle tour‑porte munie d'un pont‑levis, construction de trois grosses tours rondes (la tour des Gardes, un nouveau donjon et la tour des Archives) et création d'un chemin de ronde en haut des courtines. Pendant les siècles suivants, la forteresse passe entre les mains de familles prestigieuses — Orléans‑Longueville, Bourbon‑Soissons, Savoie, Nemours — qui aménagent des logis et des jardins sans remettre en cause le tracé défensif de l'enceinte. Une galerie adossée à la muraille est accueillait au rez‑de‑chaussée écuries, remises et un jeu de paume, tandis que l'étage comportait une longue galerie ; ces aménagements et un nouveau corps de logis en deux pavillons datent des évolutions résidentielles de l'époque moderne, mais il n'en subsiste presque rien. Au début du XVIIIe siècle, le maréchal de Villars transforme le château en ferme : de nombreux bâtiments intérieurs sont modifiés ou détruits, les toitures des tours sont retirées, la porte est éventrée et le fossé comblé, mesures qui contribuent paradoxalement à préserver l'édifice durant la Révolution. Racheté par la commune en 1883 puis classé monument historique en 1889, le site perd cependant certains logis seigneuriaux jugés modernes et dangereux dans les années 1880, ce qui réduit le château à sa seule ossature défensive. L'édifice tombe ensuite en ruine jusqu'à susciter l'engagement de bénévoles et l'élaboration d'un projet de restauration en 1986. Acquis symboliquement par le Conseil départemental de Seine‑et‑Marne en 1992, le château fait l'objet de campagnes de restauration et de fouilles dirigées par l'architecte en chef des monuments historiques Jacques Moulin, qui veillent à respecter les principales étapes historiques du monument. Les restaurations ont consisté à dégager et remettre en état les structures médiévales de l'enceinte, à restituer les toitures des tours et les fossés dans l'état qu'ils pouvaient avoir à la fin du XVIe siècle, tout en conservant certains parapets en état semi‑ruiné pour rappeler la longue période d'abandon. Réouvert au public en 2007, le château propose aux visiteurs la montée du donjon, la circulation sur le chemin de ronde et la découverte des remparts. Depuis 2008, une programmation culturelle dominicale d'avril à octobre (interruption en août) investit la salle de l'Auditoire et la cour avec théâtre forain, musique, performances chorégraphiques, cirque, arts de la rue et arts numériques, complétée par des résidences d'artistes. La saison culturelle comprend également des événements majeurs variés tels qu'une randonnée reliant trois châteaux, le festival FETNAT dédié aux performances artistiques et numériques, la biennale May médiéval, les Journées Européennes du Patrimoine, un festival jeune public, des projections nocturnes, des visites insolites et des expositions d'art contemporain accueillies durant l'été. Le château se présente aujourd'hui comme un lieu de dialogue entre patrimoine et création contemporaine. Au XVIe siècle, Blandy‑les‑Tours est aussi un foyer du protestantisme local : l'implantation des courants réformés dans le diocèse de Meaux et les choix matrimoniaux des seigneurs de Blandy favorisent cette singularité. Jacqueline de Rohan, qui épouse François d'Orléans‑Longueville, se convertit au retour d'un séjour en Suisse à la fin des années 1550 sous l'influence de réformateurs tels que Guillaume Farel et Jean Calvin, et fait du château un refuge pour les protestants sans contraindre les habitants du village. Une lettre de Calvin en 1563 salue son accueil des personnes persécutées pour leur foi, et le château reçoit en 1572 une partie de l'aristocratie huguenote, parmi laquelle figurent des personnages comme Henri de Navarre et l'amiral de Coligny avant les événements de la Saint‑Barthélemy ; la fille de Jacqueline, Françoise d'Orléans, se marie alors dans le monde protestant mais abjure peu après les persécutions. Les fouilles archéologiques menées dans les années 1990 ont livré des informations précieuses sur la vie quotidienne : deux fosses de latrines voûtées découvertes près de la tour Carrée ont été analysées par des études carpologiques, parasitologiques, palynologiques, micromorphologiques et archéozoologiques, révélant des rejets comblés entre la fin du XIVe et la première moitié du XVIe siècle, puis des apports de matériaux de démolition au XVIe siècle. Ces recherches indiquent une alimentation privilégiée : le froment domine les céréales, complété par seigle, avoine et orge, et des légumes comme le pourpier ; les fruits (fraises, raisin, framboises, mûres, figues, pommes, sureau, prune, cerise, peut‑être coing et sorbe) et les fruits à coque sont consommés, et les plats sont assaisonnés surtout au fenouil, parfois à l'aneth, au céleri, à la moutarde blanche, au génévrier ou au myrte, miel et bière étant également présents. La consommation carnée privilégie le bœuf, puis le porc et les caprinés ; le gibier est peu représenté mais comprend sanglier, cerf, chevreuils et lièvre, tandis que le poisson, à la fois marin (hareng) et d'eau douce (anguilles, brochets, perches), est abondant. Fouilles et inventaires documentent aussi la vaisselle utilitaire produite autour de Paris, des verres de table de qualité, des pièces métalliques liées à l'habillement et à la serrurerie, des ustensiles de cuisine et des éléments du harnachement, ainsi que quelques fragments de vitraux. Grâce à ces études et à sa programmation culturelle, le château de Blandy‑les‑Tours conjugue désormais conservation historique et mise en valeur vivante du lieu.

Liens externes