Origine et histoire du Château de Blanquefort
Le château de Blanquefort, aujourd'hui en ruines, est une forteresse médiévale située à un kilomètre au sud de la commune de Blanquefort, en Gironde, bâtie sur un îlot rocheux au milieu d'anciens marais et implantée sur un site occupé dès la protohistoire. Des fouilles ont révélé des traces d'occupation dès l'âge du Bronze, des tessons protohistoriques, des tegulae romaines et deux monnaies à l'effigie de Constantin, suggérant une installation de contrôle de la voie romaine reliant Bordeaux au Médoc. Le château apparaît dans les sources au XIe siècle, époque à laquelle est édifié un donjon de pierre de plan rectangulaire, partie la plus ancienne de l'édifice, qui remplace une tour en bois antérieure. Le nom du lieu, Blanquefort, dérive de « Blanqua fortis », en référence probable à la blancheur du calcaire de ses murailles émergentes au milieu des marécages. Implantée sur la route du Médoc, la forteresse contrôle un axe majeur et permettait la perception de tonlieux et le verrouillage d'approches de Bordeaux. Après l'extinction de la famille de Blanquefort vers le milieu du XIIIe siècle, le site passe entre les mains des rois d'Angleterre puis est cédé à Bertrand de Got en 1308, avant de revenir par héritage aux seigneurs de Duras au début du XIVe siècle. Au XIIIe siècle tardif, le donjon primitif est transformé en habitation fortifiée par l'adjonction de six tours circulaires et la substitution d'une enceinte de pierre à la palissade en bois ; une petite barbacane protégeait le pont-levis et des salles souterraines servaient de magasins. La forteresse reçoit parfois la visite de membres de la cour anglaise et a été associée au Prince Noir ; elle se trouve à proximité des combats de la Male Jornade en 1450 sans que ses occupants n'y jouent un rôle connu. Après la reconquête, Charles VII procède à des adaptations pour l'artillerie au XVe siècle, notamment la construction d'une enceinte somminale pourvue de tours d'artillerie et de canonnières creusées à l'emplacement d'anciennes archères, ainsi que l'aménagement d'une tour d'escalier et d'une nouvelle entrée monumentale surmontée d'un gâble où figuraient les armes des Durfort-Duras jusqu'à la Révolution. Le château subit d'autres réparations au cours du XVIe siècle ; il est démantelé et en partie abandonné à la fin du XVIIe siècle, le crénelage ayant été rasé, sans doute sur ordre du cardinal Mazarin, et l'assèchement des marais ayant supprimé sa principale défense naturelle. Un incendie dans la seconde moitié du XVIIe siècle précipite son abandon, puis, pendant la Révolution, la forteresse est confisquée et vendue comme bien national pour être utilisée comme carrière de pierres, ce qui explique son état actuel. Le donjon primitif, construit en moellons et mesurant environ 18 × 11 mètres, subsiste partiellement ; l'ensemble médiéval conserve des traces des courtines, des tours et des installations défensives qui témoignent de son évolution du XIe au XVe siècle. Classé monument historique dès 1862 sur la recommandation de Prosper Mérimée, le site a fait l'objet de chantiers archéologiques à partir de 1962, avec des campagnes importantes entre 1966 et 1975, suivies de travaux de sauvegarde. Ces opérations ont mis au jour un mobilier abondant couvrant de la préhistoire aux temps modernes : céramiques, verres, éléments militaires (boulets et armes), objets de la vie quotidienne (aiguilles en os, fusaïoles, bagues), monnaies du Bas-Empire à Louis XIV provenant de divers royaumes, et une collection remarquable de carreaux de pavement du XIVe siècle. Aujourd'hui, la forteresse de Blanquefort reste un site d'intérêt majeur pour l'archéologie médiévale et l'histoire régionale, illustrant l'évolution d'une place forte contrôlant l'accès nord à Bordeaux.