Origine et histoire du Château de Boisgibault
Le nom de Boisgibault apparaît au début du XVIe siècle. En 1564, il existait un manoir entouré d’environ 75 hectares, domaine qui s’est progressivement étendu jusqu’à près de 3 000 hectares au XVIIIe siècle. Le manoir, jamais fortifié, a été reconstruit à partir de 1680 et a conservé la distribution intérieure de cette époque. Les propriétaires successifs ont agrandi le domaine et aménagé le château, obtenant le droit d’y installer une chapelle qu’ils firent aménager en 1756. C’est vraisemblablement lors de cette campagne que furent ajoutées les deux ailes en retour d’équerre qui bordent la cour d’honneur. L’escalier et sa rampe en fer forgé, certaines boiseries du rez-de-chaussée et la belle grille d’accès à la cour datent aussi de ces aménagements. Orienté est‑ouest, l’édifice se compose d’un corps de logis allongé flanqué à chaque extrémité d’un petit pavillon, et de deux ailes basses accolées aux façades antérieures de ces pavillons, fermant les côtés nord et sud de la cour d’honneur. Une basse-cour s’organisait derrière l’aile basse autour d’une cour centrale au sud ; sa partie méridionale, en très mauvais état, a été démolie au milieu du XXe siècle. L’ensemble est caractéristique d’une demeure de Sologne conçue pour la chasse : le décor extérieur reste sobre, mais le plan est équilibré et d’une grande authenticité. Pendant la Révolution, la propriété fut vendue en neuf lots, y compris le château et la basse-cour. Les pièces du rez-de-chaussée conservent un décor s’étalant de la fin du XVIIe siècle au début du XXe siècle. En 1829, le marquis de Gasville acquit ce qui restait du domaine et fit de Boisgibault une des plus importantes chasses de Sologne, prolongeant les murs du parc par une palissade de plus d’un kilomètre et faisant percer de grandes avenues en étoile dans les bois. Il fit également édifier un pavillon carré, dit « le télégraphe », muni d’une plate-forme porteuse d’un télégraphe à bras ; un système de poulies et d’engrenages permettait d’actionner les bras depuis le rez-de-chaussée sur indication d’un observateur et d’indiquer aux chasseurs la direction prise par le gibier. Situé à Ardon, à une dizaine de kilomètres au sud d’Orléans, le château de Boisgibault présente ainsi un bel exemple de demeure de Sologne dont le caractère simple et l’authenticité ont été largement préservés. La grille en fer forgé de la cour d’honneur, les façades et toitures du corps de logis et des ailes, ainsi que les décors intérieurs du rez-de-chaussée (escalier, salle à manger, vestibule et salons) ont été inscrits à l’inventaire des Monuments historiques.