Origine et histoire du Château de Boissy-le-Sec
Le château de Boissy-le-Sec, situé dans la commune de Boissy-le-Sec en Hurepoix (Essonne), est visible depuis son entrée au 10 Grande-Rue ; le domaine est délimité par les rues du Parc, de Vaucouleur et des Chicards. Un manoir seigneurial est attesté dès 1349 et l'édifice primitif remonte probablement au début du XIVe siècle ; il conserva longtemps un aspect médiéval marqué par un corps de logis entouré de tours d'angle. Trois grandes campagnes de travaux modifièrent la construction : au XIVe siècle s'élevait un château fort dont subsistent notamment deux grosses tours cylindriques à l'est et à l'ouest, une salle basse voûtée avec caves, une tour d'enceinte et des portes dans l'aile nord ; au XVIIe siècle fut édifiée entre ces deux tours l'aile qui forme aujourd'hui le principal corps de logis ; au début du XXe siècle un même crépi fut appliqué sur toutes les façades. La tradition attribue la construction en 1339 à Jean Paviot, chevalier banneret au service de Philippe VI, mais Jean Paviot n'est clairement connu comme seigneur de Boissy-le-Sec qu'à partir d'un acte de 1349 ; le château fut probablement pris par les Anglais vers 1358 et figure en 1360 dans le traité de Brétigny parmi les places fortes mentionnées. À la fin du XVe siècle les descendants des Paviot transformèrent la forteresse en demeure de plaisance en reliant les tours par un corps de logis pourvu de larges fenêtres à meneaux et en ouvrant des demi-fenêtres à traverses dans les tours, traits du gothique flamboyant ; au XVIe siècle l'ancien logis fut élargi et surélevé pour former une aile sud comportant au rez-de-chaussée une galerie à trois arcs. Au début du XVIIIe siècle, des transformations plus « modernes » bouchèrent les arcades et recouvrirent les encadrements gothiques de plâtre, leur donnant un ton plus baroque ; ces encadrements ont été réapparus lors d'un ravalement en 2006. Le dernier des Paviot mourut en 1697 ; la seigneurie fut ensuite acquise par Charles Boyetet de Mérouville, puis resta dans la famille Boyetet de Boissy jusqu'à la Révolution, avant d'être vendue à Guillaume Couturier, avocat d'Orléans, dont la veuve porta le domaine au second mari Jean-Baptiste Bourgeon, maire du village sous l'Empire, la Restauration et le début de la Monarchie de Juillet. Bourgeon transforma les parterres et bosquets du jardin classique en parc paysager et fit rebâtir en style néoclassique le clocher et le porche de l'église gothique qui s'étaient effondrés. Des travaux menés entre 1791 et 1805 comprirent notamment l'aménagement d'une citerne, et l'intervention de 1802 laissa subsister seulement deux tours encadrant le corps de logis au nord et une aile perpendiculaire à l'est ; les travaux du XIXe siècle cherchèrent à homogénéiser l'ensemble, aujourd'hui organisé selon un plan en T. Sur le plan architectural, l'origine médiévale demeure lisible : à l'ouest la salle basse voûtée, dotée d'un pilier central à quatre ogives, semble appartenir à la fin du XIIIe siècle et pourrait correspondre à l'ancien niveau bas d'une tour disparue ; une cave alvéolée accessible par un large escalier paraît antérieure et pourrait être le vestige d'un premier logis seigneurial. À l'est, une tour carrée conserve de très épais murs et plusieurs niveaux ; elle jouxte des pièces basses — arrière-cuisine et cellier — surmontées d'un entresol avec chambre et fruitier, sous lesquels s'étend une cave voûtée. La façade nord est encadrée par deux tours rondes : la tour est, fortement talutée et percée de meurtrières, était autrefois isolée et a pu constituer le donjon, tandis que la tour ouest flanque la salle basse voûtée. La salle voûtée et la cave alvéolée figuraient à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques ; les façades et les toitures ont fait l'objet de protections au titre des monuments historiques (mentions présentes dans le dossier). Quelques bâtiments de la ferme sont également datables du début du XVIe siècle.