Origine et histoire du Château de Boisy
Le château de Boisy, dit de Jacques Cœur, se situe à Pouilly‑les‑Nonains, sur le petit plateau de Boisy, dans le canton de Saint‑Haon‑le‑Châtel (Loire). Le toponyme Boisy, issu des formes latines Boscum, Bossiacum ou Boissiacum, renvoie au bois de chênes qui couvrait autrefois ce territoire. En 1362, Jean Simon, bourgeois de Saint‑Haon‑le‑Châtel et sergent d'armes du roi, anoblit sa famille, prend le nom de Jean de Boisy et épouse Jacqueline de la Grange, sœur du cardinal de Lagrange‑Pierrefitte. En 1397, ses fils Humbert et Jean de Boisy obtiennent du comte de Forez l'autorisation d'élever une maison forte à Boisy, et en 1402 ils font édifier un donjon entouré de fossés à la « place de la grange ». La propriété comportait d'importants étangs, dont une retenue artificielle de 25 hectares, et des aménagements hydrauliques obtenus par le drainage des ruisseaux en amont. Jacques de Boisy, fils d'Humbert, vend ses biens au baron Eustache de Lévis, mari d'Alize de Cousan, puis en 1447 le château passe entre les mains de Jacques Cœur. Après la disgrâce de Jacques Cœur, ses biens sont confisqués et, en décembre 1455, Guillaume Gouffier acquiert le château. En 1491 Guillaume Gouffier concède en ferme à Jean Jaillet la moitié des fossés et le moulin de Roanne ; en 1499 le mariage d'Hélène Catherine de Hangest avec Artus Gouffier marque une importante phase de transformation du château. Hélène Catherine, artiste, fait évoluer, édifier et décorer l'édifice dans sa configuration actuelle et organise une production de poteries d'influence italienne avec des ateliers à Oiron, Boisy et Roanne ; cette production seigneuriale se poursuivra entre 1530 et 1630. Le château bénéficie de protections au titre des monuments historiques : inscription en 1927 pour les façades et les toitures, et classement en 1931 pour les parties extérieures des ailes sud et est, la tour ronde sud‑est et le donjon carré nord‑est. Bien que la famille Simon ait adopté le nom de Boisy, ce sont les Gouffier qui inscrivent durablement Boisy dans l'histoire seigneuriale du Roannais ; Jacques Cœur a quant à lui laissé son nom au château. Guillaume Gouffier, seigneur de Boisy dès 1455, est suivi par son fils Artus (1475‑1519), précepteur de François Ier et grand‑maître de France, puis par Claude Gouffier (1501‑1570) qui devient marquis lorsque Charles IX réunit plusieurs baronnies en 1564. La lignée se poursuit par Gilbert Gouffier (1553‑1582), Louis Gouffier (1575‑1642) et son petit‑fils Artus ; Henri Gouffier (1605‑1639) porte le titre de marquis de Boisy. Artus II Gouffier (1627‑1696), sans alliance, cède le duché du Roannais à François III d'Aubusson de la Feuillade en 1667 lors du mariage de sa sœur Charlotte, et le duché passe dès lors aux d'Aubusson de la Feuillade. François III d'Aubusson (1631‑1691) est confirmé duc du Roannais, puis son fils Louis d'Aubusson (1673‑1725) lui succède ; la succession se poursuit jusqu'à Catherine Françoise d'Aubusson de la Feuillade (1733‑1815), mariée à François Henri d'Harcourt, et le marquisat de Boisy s'éteint à la Révolution. La gestion de l'eau, responsabilité seigneuriale essentielle, structure l'économie locale : les réserves, étangs et cours d'eau alimentés depuis les monts de la Madeleine assurent la pisciculture au XVe siècle, la propulsion des moulins banaux, l'alimentation des fossés et l'évacuation des boues de la cité. L'entretien régulier des berges et des ouvrages, la coordination des droits d'eau et la prévention des crues de la Loire relèvent de cette administration seigneuriale. Jacques Cœur envisage des aménagements ambitieux pour la gestion du Renaison, de l'Oudan et de la Loire ; on lui attribue la réalisation du bief de Boisy, un canal partiellement enterré qui amenait l'eau de la Panetière aux étangs et reste visible par endroits. Au fil des siècles, des dispositions locales modifient les usages de l'eau : en 1579 Gilbert Gouffier abénévise un moulin sur la Loire, en 1621 Louis Gouffier impose la libre circulation des eaux des fossés lors d'une concession, et, autour de 1700, un duc d'Aubusson accorde à François Odin des droits sur les eaux du grand chemin de Saint‑Haon à Roanne à perpétuité. Un document attribue en 1706 la reprise du projet de rendre la Loire navigable en amont de Roanne à François III d'Aubusson de la Feuillade ; cette initiative aurait provoqué une inondation majeure dans la plaine de Roanne et suscité une forte désapprobation à la cour.