Origine et histoire du Château de Bonnétable
Le château de Bonnétable est une demeure seigneuriale dont le domaine s’étend sur les communes de Bonnétable et de Briosne-lès-Sables, dans le département de la Sarthe, en région Pays de la Loire, au sein de la Communauté de communes Maine 301 et du canton de Bonnétable. Le parc, les jardins et les dépendances occupent l’extrémité nord‑ouest de la ville de Bonnétable et les marges sud‑est de la commune de Briosne‑lès‑Sables ; le domaine est traversé par le Tripoulin et bordé à l’est par la rue du Maréchal Leclerc, au sud par les rues de Luynes, d’Isly et de la Gare, au nord par la rue Saint‑André de Gelly et à l’ouest par la route départementale 301. L’ensemble des parties non encore classées du château, ainsi que les communs, le parc, le potager, l’éolienne Bollée et l’enceinte attenante, a fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté ministériel du 29 novembre 1991.
L’existence d’un château‑fort à Malétable (Malum Stabulum) est attestée dès le XIIe siècle, avec des mentions en 1170 et 1209, et la seigneurie appartenait alors à la famille de Rotrou. Un aveu de 1406 signale un donjon, des murs et des douves entourés d’une forêt d’un millier d’arpents sur laquelle s’exerçait le droit de chasse, et, à la fin du XIIIe siècle, Malétable prend le nom de Bonnétable (Bonum Stabulum). Occupé par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans (1420‑1422), le château, siège d’une châtellenie, est alors ruiné. Par lettres de juillet 1472, Louis XI autorise Jean d’Harcourt à faire rétablir Bonnétable ; la reconstruction commence en 1476 sous la direction de Mathurin Delandelle. Le marché de travaux prévoit alors « un édifice de 110 pieds carrés », des grosses tours d’angle, deux tours flanquant un porche d’entrée voûté, une chapelle de 40 pieds sur 24, une couverture en ardoises d’Angers et des murs avec mâchicoulis en pierre de taille. Jean d’Harcourt meurt en 1487 avant l’achèvement des travaux, que ses successeurs poursuivent.
La seigneurie passe ensuite, par alliances, aux familles de Coesmes puis aux Bourbon‑Soissons jusqu’au début du XVIIIe siècle ; en 1621 Louis XIII est reçu au château par Anne de Montafié, comtesse de Bourbon‑Soissons. Au XVIIIe siècle, le logis, devenu propriété des d’Albert de Luynes, est peu habité et ses douves sont comblées. Sous la Révolution, il appartient à Louis Joseph Charles Amable d’Albert de Luynes (1748‑1807), qui ne prend pas le chemin de l’émigration ; le domaine revient ensuite à sa fille Pauline Hortense d’Albert de Luynes, duchesse de Montmorency, morte à Bonnétable en 1858.
Vers 1880, le château échoit à Sosthène II de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, qui confie à l’architecte Henri Parent (1819‑1895) une importante campagne de restauration. Les façades sont alors remaniées dans un style néo‑gothique avec l’ouverture de nombreuses baies, l’ajout de tourelles, de bow‑windows et de perrons, et l’intérieur reçoit un décor réalisé par des artisans du Mans intégrant des symboles liés à l’histoire familiale, notamment une figure de Mélusine présentée comme la « fée protectrice du château ». Une cheminée de la salle à manger porte la devise des La Rochefoucauld, « C’est mon plaisir », et celle de la maison de Ligne, « Toujours droit ». En 1908 la salle à manger est enrichie de tapisseries de la manufacture de Beauvais et la chapelle, qualifiée de « Haute époque », reçoit onze médaillons à caractère religieux évoquant les saints patrons des enfants du duc et de la duchesse. Les descendants de la famille conservent la propriété jusqu’à la fin du XXe siècle.
Le parc et les jardins potagers, dont l’accès se situe rue d’Isly, sont réaménagés par les paysagistes Denis et Eugène Bühler à la fin du XIXe siècle (1885) pour le duc de Doudeauville : les douves sont recreusées et remises en eau et une pièce d’eau est créée. La faïencerie du domaine, dite « Villa du Rond », est créée en 1832 à l’initiative de la duchesse de Montmorency ; elle fabrique des faïences et poteries qui approvisionnent la région du Perche et fournissent du travail aux habitants locaux, fonctionnement souligné par Albert Maumené en 1908, avant sa fermeture définitive en 1912.
Une visite de 1836 rédigée par la duchesse de Dino décrit le château comme un vieux manoir à grosses tourelles, aux murs épais et aux fenêtres rares, simple et solide, situé au centre d’une vaste clairière où une faïencerie avec ses dépendances occupe une soixantaine de personnes. Enfin, le duc de Doudeauville et la princesse Marie de Ligne ont été représentés par le peintre Léon Bonnat.