Château de Bonneville-sur-Touques dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château

Château de Bonneville-sur-Touques

  • D288
  • 14800 Bonneville-sur-Touques
Château de Bonneville-sur-Touques
Château de Bonneville-sur-Touques
Château de Bonneville-sur-Touques
Crédit photo : Roland Godefroy - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIe siècle, XIIe siècle

Patrimoine classé

Château de Guillaume-le-Conquérant (restes) (cad. A 758) : classement par arrêté du 16 novembre 1964

Origine et histoire du Château de Bonneville-sur-Touques

Le château de Bonneville-sur-Touques, parfois appelé localement « château de Guillaume le Conquérant », est un ancien château fort du XIIe siècle élevé sur l'emplacement d'un manoir ducal du XIe siècle ; ses vestiges se trouvent sur la commune de Bonneville-sur-Touques, dans le Calvados en Normandie. Les restes du château sont classés au titre des monuments historiques.

Les vestiges occupent le versant est d'une colline qui monte vers la forêt de Saint-Gatien, à 150 mètres au sud‑ouest de l'église Saint‑Germain‑et‑Saint‑Loup, et dominaient la basse vallée de la Touques ainsi que le port d'embarquement pour l'Angleterre, alors l'un des plus fréquentés de Normandie au Moyen Âge.

Le site est associé, dès le XIe siècle, au manoir de Guillaume de Normandie, d'où lui vient la dénomination locale ; c'est dans ce manoir qu'Harold Godwinson prêta serment à Guillaume et que ce dernier confia la régence de la Normandie à son épouse Mathilde avant son départ pour l'Angleterre. Henri Ier fit arrêter Robert de Bellême en 1112 à Bonneville, et les ducs de Normandie, puis rois d'Angleterre, y firent leur pied‑à‑terre préféré lorsqu'ils venaient d'Angleterre en débarquant au port proche. En 1139, le château fut assiégé et pris par Geoffroy Plantagenêt.

Le château tel que l'on connaît aujourd'hui fut bâti par Henri II Plantagenêt entre 1170 et 1180, et il lui servit de résidence à plusieurs reprises. Aliénor d'Aquitaine et Jean sans Terre y séjournèrent notamment entre 1199 et 1203. Du XIIIe au XVe siècle, la place changea de mains entre Anglais et Français à plusieurs reprises ; entre 1203 et 1449, Anglais et Français se le reprirent cinq fois. En 1204, Philippe Auguste prit la Normandie et remit l'usage du château aux évêques‑comtes de Lisieux, qui en firent une résidence de campagne. Philippe IV le Bel le remit en défense et Charles V y installa une garnison de « quarante lances ».

En 1417, Henri V s'empara du château ; il resta occupé pendant trente‑deux ans avant d'être repris en 1449 par Dunois après trois jours de résistance. La fin de la guerre de Cent Ans en 1450 marqua le début du déclin du site. En 1529, François Ier céda le château à la maison de Bourbon‑Orléans ; François Ier y séjourna encore quelques jours en 1545. En 1562, l'amiral de Coligny s'en empara, les troupes royales le reprirent en 1563, et il fut pris par les ligueurs en 1580.

Au XVIe siècle, une partie du château fut démantelée par Crillon, qui l'avait assiégé victorieusement ; en 1610 il fut réparé pour la dernière fois, et des capitaines furent nommés jusqu'à la Révolution. L'envasement de l'embouchure de la Touques entraîna le déclin du port et réduisit l'intérêt stratégique du château. Des pierres du monument furent prélevées pour la construction de l'église de Bonneville en 1649 et 1742. Mis en vente en 1792 par Philippe Égalité, il fut acheté par M. Labbey et Charles‑Claude Lefebvre ; en 1872 les vestiges passèrent à la famille Léo. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands utilisèrent le château en 1942‑1943 comme campement pour l'organisation Todt, regroupant 700 travailleurs affectés à la construction du « mur de l'Atlantique », puis, à la Libération, le site servit pendant dix‑huit mois de lieu de détention pour des personnes soupçonnées de collaboration.

Les vestiges actuels sont peu nombreux. Les fouilles conduites en 1965 par Michel de Boüard ont permis de proposer que le site de la forteresse actuelle n'était probablement pas occupé avant le XIIe siècle et de restituer un ensemble d'habitations adossées au rempart nord comprenant une grande salle voisine de la porte d'entrée, des chambres qualifiées de « la Roy », « la Royne » et « as chevaliers », la salle du Tinel, la cuisine et le manoir du capitaine dont les soubassements se trouvent sous une maison construite vers 1830.

On distingue aujourd'hui de profonds fossés entourant une enceinte polygonale partiellement ruinée, flanquée de six tours sur les huit d'origine — la tour de Robert le Diable, la tour du roi Jean, la tour du Conseil, la tour de la Chapelle (ou tour aux prêtres), la tour de Rollon et une partie de la « grosse Tour » qui jouait le rôle de donjon sur le flanc nord — ainsi qu'une porte ogivale autrefois précédée d'un pont‑levis. Le donjon présente un diamètre de 18 mètres et des murs d'environ 3 mètres d'épaisseur ; certaines portions de courtine pourraient dater de la fin du XIIe siècle. Le rempart découronné, souvent refait, n'est pas lié aux tours érigées avant 1324 et vers 1393, et les logis furent démolis tandis que l'enceinte fut endommagée vers 1830. Selon Adrien Blanchet, un réseau de grottes relierait la place forte à un lieu‑dit nommé les Greniers, aux environs de Trouville.

Les vestiges du « château de Guillaume‑le‑Conquérant » sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 16 novembre 1964.

Liens externes