Origine et histoire du Château de Bonrepos
La seigneurie de Bonrepos fut acquise par Pierre‑Paul Riquet en 1651 ; il choisit ce site pour y tester, à ciel ouvert, les dispositions hydrauliques nécessaires à son projet de canal. Entre 1654 et 1666 il fit reconstruire le château par le maçon Isaac Roux sur l’emplacement d’un ancien site castral : plate‑forme entourée de fossés, corps de logis rectangulaire cantonné de tours carrées à la façade antérieure et de tourelles à l’arrière. Peu d’éléments du décor du XVIIe siècle subsistent, le château ayant été remanié aux XVIIIe et XIXe siècles. Dès 1655–1656, avant même l’édification du logis, Riquet entreprit des terrassements et aménagea, dans le vallon de la Garène, des bassins étagés et des rigoles pour expérimenter le captage et l’adduction des eaux. En 1657 il dessina une large allée longeant le grand bassin supérieur ; le même été le jardinier François Audiguier fut chargé d’aménager allées, cabinets, niches et parterres. La présence de François Andréossy en 1671 est attestée pour la construction d’un adoucissement d’eau souterrain et la terrasse sud ; la grotte de fraîcheur pourrait dater de cette période (1671–1673). Après l’achèvement des terrasses, des factures montrent une importante commande de buis entre avril 1674 et avril 1675. En 1698–1699, Jean‑Mathias Riquet fit rebâtir une partie de la terrasse sud effondrée. Le plan terrier de 1727 et son dessin de 1730, réalisé pour Marie‑Louise de Montaigne, donnent un état des jardins où l’axe principal sud‑nord passe devant la façade sur parterres, avec une vaste terrasse orientée vers la vallée du Girou et un parterre compartimenté à l’est. Après 1757 le parc fut agrandi par le petit‑fils Jean‑Gabriel Amable Alexandre ; un plan aquarellé de la seconde moitié du XVIIIe siècle montre un nouvel axe est‑ouest traversant le château, la réorganisation des terrasses, le déplacement des bassins et l’aménagement de nouveaux escaliers. Ce plan mentionne parterres, alignements, un bosquet à allées rayonnantes au nord‑est et la transformation d’un bras du vivier en canal bordé de plantations régulières ; il pourrait correspondre à des projets tardifs (orangerie, embellissements) datables probablement de la fin du XVIIIe siècle. Des achats importants de mûriers et d’arbres fruitiers sont enregistrés en 1768 et 1771, la culture du mûrier étant attestée sur le versant nord. Des interventions ultérieures apparaissent dans le parc : plantations de cèdres au XIXe siècle et alignements de platanes en quinconce sur la chaussée séparant les deux bassins (début du XXe siècle ?). Après un déclin et un abandon progressif à partir du milieu du XXe siècle, la propriété connut plusieurs changements de mains : vendue aux enchères en 1836, acquise par divers propriétaires dont la famille Courtois puis les Bertier, elle passa en 1931 à une demoiselle Fonvieille puis au docteur Marceillac. Durant la Seconde Guerre mondiale le domaine fit l’objet d’occupations successives, Waffen SS et résistants se succédant dans des circonstances encore mal établies. À la mort du docteur Marceillac en 1953, la propriété fut vendue au colonel Fournier ; à la suite de travaux et de négociations, la DRAC obtint l’inscription à l’Inventaire et le château avec trente hectares furent protégés par arrêté préfectoral du 3 février 1999. Les héritiers cédèrent le domaine à la SAFER le 27 décembre 2007, qui revendit la partie « historique » classée — environ trente hectares autour du château — à la commune le 28 décembre 2007. Le classement d’office du château et de ce périmètre par la CRPS en avril 2007, confirmé par arrêté préfectoral du 31 juillet 2008, puis les travaux de débroussaillage entrepris par la municipalité après le rachat permettent aujourd’hui de mieux lire la composition des jardins et des aménagements hydrauliques conçus par Riquet.