Château de Bosmelet en Seine-Maritime

Château de Bosmelet

  • 76720 Val-de-Scie
Château de Bosmelet
Château de Bosmelet
Château de Bosmelet
Château de Bosmelet
Crédit photo : Paubry - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1er quart XVIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Château (sauf parties classées) : inscription par arrêté du 7 octobre 1931 ; Façades et toitures du château : classement par arrêté du 30 juillet 1946 ; Façades et toitures de la maison du chapelain, de la chapelle et des communs ; murs, saut-de-loup, grilles et bassins de la cour d'honneur, du potager et des avants-cours entourant le château ; pièce d'eau située sur la parcelle 53 (cad. AM 53, 70, 71, 73, 75, 76, 82 à 86, 88, 96, 104, 105, 107, 108, 111) : inscription par arrêté du 15 novembre 1994

Origine et histoire

Le château de Bosmelet, grande demeure de brique et de pierre au décor sculpté concentré sur l'avant-corps, se situe à Auffay, entre Rouen et la côte d'Albâtre, au cœur du pays de Caux. Édifié sur les fondations d'un ancien château fort, il relève de l'architecture du XVIIe et XVIIIe siècle et illustre le style Louis XIII. Le domaine comprend un parc ordonnancé selon un projet de Colinet daté de 1715, deux jardins clos entourés de murs, une chapelle du XVIIIe siècle, une orangerie attribuée à la fin du XVIe siècle, ainsi que grilles ouvragées, saut-de-loup et bassins. L'ensemble conserve aussi des arbres remarquables, notamment des châtaigniers âgés d'environ 550 ans.

Au Moyen Âge, le fief de Bosmelet appartint à John Fastolf, puis la demeure actuelle fut bâtie vers 1632 pour Jean Beuzelin, président au Parlement de Normandie, sur les ruines médiévales dont les vestiges réapparaissent dans les caves. La famille Beuzelin voit son prestige grandir au XVIIe siècle et le château passe, par alliance, aux Nompart de Caumont, duc de la Force, qui entreprennent d'importants projets d'embellissement. En 1715 Colinet, premier jardinier de Le Nôtre, propose deux plans pour un jardin à la française ; le parc conserve la structure centrale de ces aménagements, dont un grand tapis vert bordé d'une double allée de tilleuls plantée en 1718. Le domaine comprend alors aussi un colombier ovale, de vastes écuries et de nombreux bâtiments de service.

Par héritage, le château revient aux du Fossé, famille marquée par le jansénisme, qui a laissé au château une importante collection d'ouvrages religieux. Le domaine échappe aux destructions révolutionnaires et à celles de la guerre de 1870 grâce à l'attitude de ses propriétaires, qui parviennent à préserver la propriété. Durant la Seconde Guerre mondiale, Henriette Soyer de Bosmelet cache les manuscrits et les toiles du château ; elle est arrêtée puis libérée, et le parc est alors réquisitionné pour la construction d'une rampe de lancement de V1. Le réseau de résistance, notamment le colonel Hollard, repère plusieurs sites de lancement autour de Bosmelet et transmet des plans précieux aux Alliés ; des bombardements alliés visant ces installations touchent le domaine et deux bombes atteignent alors le château.

Après la guerre, les façades et toitures du château font l'objet de protections et de restaurations menées par les services des Beaux-Arts, qui mettent au jour les vestiges de la forteresse médiévale. Diana de Bosmelet se consacre à la restauration de la propriété, poursuivie ensuite par son fils et sa belle-fille, qui remettent en valeur le rez-de-chaussée, l'orangerie et créent le jardin potager dit « Arc-en-ciel ». En 2016, le metteur en scène et plasticien Alain Germain acquiert le château et y installe une partie de son fonds consacré aux arts du spectacle, faisant de Bosmelet un lieu d'ouverture consacré à l'art contemporain.

Le parc conserve la « trouée verte » dessinée par Colinet, axe majeur constitué d'un vaste tapis gazonné bordé d'une double allée de tilleuls, ainsi que deux jardins clos symétriques — ancien potager et basse-cour — reliés par des grilles du XVIIIe siècle. Le potager comporte un bassin central et une pergola de buis et de roses longue de 90 mètres ; autour a été aménagé le « Jardin Arc-en-ciel », primé au Chelsea Flower Show en 2000 et aujourd'hui en cours de réélaboration. Un programme d'archéologie militaire a permis de mettre au jour bunker, blockhaus et vestiges de la rampe de lancement, opération poursuivie depuis 2016-2017.

Depuis le printemps 2017, un pont-sculpture de l'architecte taïwanais Xuan-Cheng Chen relie les allées et inscrit la création contemporaine dans le parc. Le château est partiellement protégé au titre des monuments historiques : il a été inscrit en 1931, ses façades et toitures ont été classées en 1946, et d'autres éléments — façades et toitures de la maison du chapelain, de la chapelle et des communs, murs, saut-de-loup, grilles, bassins de la cour d'honneur, du potager et des avant-cours, ainsi que la pièce d'eau — ont été inscrits en 1994. Ouvert au public, Bosmelet accueille chaque année concerts, expositions, installations, colloques, ateliers d'écriture et académies musicales de mai à octobre.

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