Origine et histoire du Château de Bourbilly
Le château de Bourbilly est un château du XIVe siècle situé à Vic-de-Chassenay, en Côte-d'Or, à une dizaine de kilomètres de Semur-en-Auxois. Surnommé aussi « château de madame de Sévigné », il se dresse dans la vallée du Serein et s'ouvre sur un parc dessiné par Alphand, dans un vallon que Lamartine a vanté. Les terres de Bourbilly appartenaient au fisc royal sous les Mérovingiens et les Carolingiens et dépendaient d'Époisses, alors lié aux figures de Brunehaut et de Thierry. Le fief fut transmis à Robert de France, premier duc capétien de Bourgogne, à partir de 1032. Le 24 juillet 1189, Hugues III échange Époisses, avec Bourbilly, contre Montbard, transaction liée à André de Montbard ; le domaine revint ensuite à Bernard d'Époisses. Au début du XIIIe siècle, Bourbilly fut détaché de la seigneurie d'Époisses au profit de Jean d'Époisses, qui fit édifier une modeste forteresse. En 1270 le fief passa à Haramburge, fille de Jean, qui épousa Garnier de Traînel, puis à leur descendante Alixande de Traînel et, vers 1285, à Agnès de Marigny, dont l'union fit entrer Bourbilly dans la famille Poincet de Thil. Au début du XIVe siècle, un différend entre Guillaume de Mello, seigneur d'Époisses, et Guillaume de Thil fut tranché par Eudes III de Bourgogne le 22 février 1320, levant l'emprise des seigneurs d'Époisses sur Bourbilly. En 1333 la seigneurie passa par mariage à la famille de Beaujeu, puis, après plusieurs successions, Marguerite de Beaujeu, épouse de Jacques de Piémont, entreprit à partir de 1375 de transformer la forteresse en demeure de plaisance et fit édifier la chapelle Sainte-Marguerite, achevée en 1379. Le 4 octobre 1403, le domaine fut vendu à Pierre de La Trémoille ; après des transmissions familiales il revint aux La Trémoille, puis passa en 1448 à Claude de Montaigu et, en 1467, par mariage, aux Rabutin. Le château fut la demeure de la famille de Rabutin : Jeanne de Chantal y donna naissance à plusieurs enfants et la marquise de Sévigné, petite-fille de Jeanne, y séjourna à plusieurs reprises ; Madame de Sévigné le transmit ensuite à sa fille Françoise de Grignan. À la mort de madame de Grignan, sa fille Pauline de Simiane hérita puis vendit le domaine le 16 juillet 1719 à Guy Chartraire de Saint-Agnan, dont la famille conserva Bourbilly jusqu'en 1795. Frédéric-Augustin Pomme acquit alors le château, fit démolir et transformer plusieurs parties, puis le céda le 9 juillet 1814 à Antoine-Joseph de Caux ; d'autres destructions eurent lieu avant que l'édifice ne connaisse une renaissance au temps du romantisme. Le domaine passa ensuite par héritage à la famille de Caux, puis à Cécile Belle de Caux qui épousa Ernest de Franqueville ; leur fils Charles de Franqueville procéda à une restauration complète entre 1867 et 1871. La chapelle, partiellement détruite par un incendie, fut restaurée en 1952 grâce à la participation de la famille, du sculpteur Yencesse, du médiéviste Surchamp pour une fresque de la Visitation et du maître verrier Wending pour le vitrail. Le château fut inscrit provisoirement sur la liste des monuments historiques en 1862 et inscrit définitivement par arrêté le 19 mars 1992. Réhabilité sous le Second Empire, l'édifice présente trois ailes en équerre, cantonnées de tours rondes, des toitures élevées et de remarquables cheminées cylindriques. L'intérieur offre notamment la salle des gardes, avec un billard Louis XIII et une tapisserie flamande du XVIIe siècle, ainsi qu'une bibliothèque aux boiseries néogothiques qui renferme un portrait de sainte Jeanne de Chantal par Philippe de Champaigne. Le parc, agrandi et redessiné par Alphand sous le contrôle d'Ernest de Franqueville, fit l'objet en 1869 d'un tracé, de nivellements, de travaux hydrauliques et de nouvelles plantations ; il a reçu le label Jardin de France. En 2015 des séquences de l'émission Secrets d'Histoire consacrée à Madame de Sévigné ont été tournées au château et diffusées le 18 août 2015 sur France 2. La propriété a connu une succession de familles : Montbard/d'Époisses, Traînel, de Thil, de Beaujeu, de La Trémoille, de Montagu, de Rabutin, Chartraire de Saint-Agnan, Pomme, de Caux, Franqueville, puis, aux XXe et XXIe siècles, les familles Darcy et de Crépy.