Origine et histoire du Château de Bourguignon-sous-Montbavin
Le château de Bourguignon-sous-Montbavin, situé dans la commune éponyme à quelques kilomètres au sud-ouest de Laon (Aisne), est une maison de plaisance caractéristique de la première moitié du XIXe siècle. Il est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 7 juin 2004. La propriété actuelle couvre environ un hectare, sa surface ayant été réduite au XIXe siècle par le tracé de la route de Bourguignon à Royaucourt-et-Chailvet. Des communs datés de 1818 subsistent à l'angle nord-est du domaine. En 1810, Jeanne-Rose Boilletot, épouse de Rémy-Pierre-Charles-Noël Ponssin, acquiert par échange une parcelle de jardin et un bâtiment lié à l'exploitation de la vigne pour compléter une propriété comprenant un vendangeoir datant probablement de la fin du XVIIe siècle. Sa mère achète en 1821 ce vendangeoir au bénéfice de ses petites‑filles, le reprend en 1828, le fait démolir pour agrandir la propriété et fait édifier le château dans le style des villas palladiennes ; la construction s'achève en 1835 et Mme Boilletot dessine les jardins. À la mort de Mme Boilletot en 1836, la propriété passe à sa fille Jeanne‑Rose, qui s'était remariée en 1816 à Jean‑Baptiste Lambert, chevalier de Barive. La succession se poursuit ensuite au XIXe siècle : Marie‑Adrienne Francine de Barive lègue la propriété en 1895 à sa sœur Marie‑Joséphine Laure de Barive, qui la cède en 1906 à leur cousin, le comte de Hennezel d'Ormois, alors maire de Bourguignon et érudit local.
Le château est bâti en pierre calcaire sur un plan quadrangulaire ; ses élévations sur cour et sur jardin présentent chacune cinq travées et quatre niveaux, dont un étage d'attique. Les trois travées centrales forment au rez-de‑chaussée et au premier étage des ensembles de type serlienne, témoignant de l'inspiration palladienne. Côté jardin, le rez-de‑chaussée est occupé par trois portes‑fenêtres ; côté cour, les trois ouvertures centrales donnent sur un portique accessible par six marches. Deux cordons horizontaux séparent le rez-de‑chaussée du niveau supérieur, tandis que des pilastres en bossage aux angles et de part et d'autre du centre structurent la façade et suggèrent un léger avant‑corps. Les pignons comportent, comme les façades principales, des baies au rez-de‑chaussée, au premier étage et un étage d'attique. Un cadran solaire, restauré en 1923 par l'artisan A. Lagneau de Mons‑en‑Laonnois, orne la façade sud.
À l'intérieur, la plupart des décors ont disparu ; subsistent un escalier à rampe en fer forgé et une main courante en acajou, ainsi qu'un salon et une salle à manger lambrissés aux dessus‑de‑porte peints représentant des paysages, qui nécessitent une restauration. Les caves, organisées sur deux niveaux, sont particulièrement intéressantes : un premier niveau contemporain de l'édification du château présente des voûtes garnies de vases en céramique destinés à l'isolation, tandis qu'un niveau inférieur tout en pierre conserve des vestiges de voûtes d'arêtes, probablement liés à l'ancien vendangeoir. Le parc principal s'étend à l'ouest et comporte des essences appréciées dans les jardins romantiques, telles qu'un tulipier de Virginie et un hêtre pourpre ; à l'arrière, un pin noir pousse à cheval sur le mur de clôture qui longe la route de Royaucourt‑et‑Chailvet. L'accès au jardin se fait par des degrés bordés d'une balustrade. Le portail daté du XVIIIe siècle, rue du Cygne, constitue le vestige principal du vendangeoir antérieur. Les communs de 1818 ont été restaurés et transformés en deux gîtes ruraux, isolés du reste de la propriété par un rideau de verdure.
Une chapelle dédiée à sainte Madeleine, élevée en 1922 à l'angle sud‑est du domaine en hommage à Marguerite Lenoir des Ardonnes, comtesse de Hennezel d'Ormois, présente un plan octogonal en pierre calcaire, un petit avant‑porche porté par quatre colonnes aux chapiteaux stylisés, une niche au‑dessus de l'entrée, un autel, deux plaques commémoratives et deux vitraux, dont l'un illustre des scènes de la vie de sainte Madeleine ; l'architecte et le maître‑verrier demeurent inconnus. La fiche signalait que le château illustre l'architecture des maisons de plaisance des XVIIIe et XIXe siècles et proposait l'inscription au titre des monuments historiques des façades et toitures du château, du parc, du mur de clôture et du portail du XVIIIe siècle, ainsi que la protection de la chapelle dans son intégralité.