Origine et histoire du Château de Boutemont
Le château de Boutemont se situe à 1,5 km au nord-nord-est d'Ouilly-le-Vicomte, au fond de la vallée de la Touques, dans le pays d'Auge, à l'est du département du Calvados, entre la voie ferrée et la départementale 579, en direction de Coquainvilliers et Norolles. Le site, pensé à l'origine pour surveiller l'estuaire, repose sur une motte féodale fondée au XIe siècle. Une forteresse fut élevée vers 1180 par un sire de Boutemont, et, à la fin du XIVe ou au début du XVe siècle, un château sur motte occupait déjà l'emplacement. Le château actuel a commencé à être reconstruit à partir de 1538, puis le pavillon d'entrée et l'aile nord ont été édifiés au début du XVIIe siècle ; l'aile ouest et la cour d'honneur datent de la fin du XVIIe siècle et une galerie à pans de bois a été ajoutée vers 1770. La famille de Boutemont conserva le fief jusqu'à la fin du XIVe siècle, puis vinrent les Servain, mentionnés en 1405, avant que les Borel et la famille Paisant n'en prennent successivement possession aux XVe et XVIe siècles. Au XVIe siècle le fief, d'une grande étendue, couvrait plusieurs paroisses locales ; Philippe Paisant en devint propriétaire en 1529 et, anobli en 1540, il entreprit la reconstruction du logis. À la fin du XVIIe siècle la demeure passa aux Le Bas ; Jean-Baptiste Le Bas entreprit d'importants travaux de modernisation, élargit les ouvertures, ajouta deux ailes et aménagea une entrée soignée surmontée d'un toit de tuiles vernissées en remaniant le mur d'enceinte ouest. En 1745, la propriété entra dans la famille Guéroult ; David Guéroult, seigneur de Boutemont, émigra en 1791. En 1915 le commodore Charley Drouilly fit l'acquisition du domaine et confia à Achille Duchêne la recréation de jardins dans le goût classique « à la française ». Armand et Hélène Sarfati, propriétaires depuis 1976, ont restauré et développé le parc ; le domaine a été transmis en novembre 2020 à Johanna Winstrom Monnier et Bruno Monnier, qui ont ouvert le jardin remarquable au public, aménagé de nouveaux espaces fleuris, permis la visite de trois salles historiques en franchissant le pont-levis, et transformé l'orangerie en restaurant tout en aménageant des espaces verts et une boutique. Le château est bâti sur un terre-plein entouré de douves sèches et s'organise en enceinte quadrangulaire flanquée de tourelles rondes aux angles. L'ensemble se compose de trois parties principales : la tour-porte au nord, un long bâtiment central à l'est et le logis d'habitation au sud. La tour-porte, qui donne accès au château, comporte deux ponts-levis distincts, l'un pour les attelages et l'autre pour les piétons ; sa face extérieure présente un soubassement en pierres de taille et un niveau supérieur en briques retenues par des chaînages de pierre, tandis que la face intérieure est majoritairement en briques avec une partie haute en colombage et hourdis tuilé. Le bâtiment central, installé à l'aplomb des douves, repose sur un soubassement en pierre et porte, vers 1770, un étage en pans de bois ; son rez-de-chaussée se distingue par une importante utilisation de briques, comme la tour-porte. Le logis du sud, édifié en 1540, est essentiellement en pierre : sa façade orientale forme un bel ensemble de colombage et le pavillon d'honneur, en arc surbaissé, porte la devise familiale « Faire et se taire » ainsi qu'un cadran solaire. Le château est inscrit aux monuments historiques par arrêté du 19 janvier 1927 ; la cour d'honneur, les douves sèches avec leurs murs de soutènement et le pont dormant ont été inscrits séparément par arrêté du 2 octobre 1995. Le parc, classé Jardin remarquable, associe une partie classique due à Achille Duchêne et une partie italienne aménagée sur l'emplacement d'un ancien terrain de tennis, où alternent haies de buis, ifs taillés et cyprès.